L’Apal a investi, le 20 janvier, la salle de conférence du Crédit Agricole, à Laxou, pour son assemblée générale. Richard C. Delerins, anthropologue, a partagé son analyse sur l’évolution des modes de consommation de la génération des « millenials » et les impacts sur la filière viande.
Le contexte sanitaire du début de l’année 2022 n’avait pas permis la tenue d’une assemblée générale en présentiel. Alors pour cette assemblée générale 2023, les adhérents de l’Association de productions animales de l’Est (Apal’) sont venus nombreux, le 20 janvier, à Laxou.
Salariés et membres du bureau ont été mobilisés pour présenter le rapport d’activité. Au niveau de la commercialisation des animaux, la sécurisation des débouchés et la valorisation de la production restent la priorité de la structure. L’ensemble des filières qualité a permis de dégager une plus-value totale de 934.000 euros reversés aux éleveurs.
L’Apal est, par ailleurs, fortement impliqué dans les démarches environnementales : 50 élevages sont engagés dans la certification HVE et 95 éleveurs ont réalisé un bilan carbone.
Retour de la vente de reproducteurs
En octobre, l’Apal organisait la première vente de reproducteurs depuis huit ans. « Une trentaine d’animaux étaient présents. Il y a eu une bonne fréquentation et de bonnes ventes », résume Xavier Guillaume, trésorier de l’Apal. La structure a poursuivi ses actions de promotion et son engagement dans le développement de la race et de la filière Redyblack.
« Avec vingt collaborateurs temps plein, beaucoup d’actions ont été mises en place », se félicite Stéphane Peultier, le président, qui ne peut toutefois que constater la poursuite de la décapitalisation. « Que faire pour y remédier ? s’interroge-t-il, dans son rapport moral. Mieux rémunérer, mieux considérer et mieux accompagner les éleveurs, c’est ce que nous faisons tous les jours à l’Apal».
Les millenials et la viande
Anthropologue de formation, Richard C. Delerins enseigne aux États-Unis et en France. Ses travaux de recherche portent sur l’économie du corps et les comportements alimentaires. Il a déroulé, pendant une heure, sa présentation sur le thème « les millenials et la viande ». « Les millenials sont les personnes nées entre 1982 et 2000. Elles sont le moteur de la transformation des comportements alimentaires ». Une génération « unique », selon l’anthropologue. « C’est la génération la plus nombreuse sur terre actuellement. En 2022, ils représentaient 50 % de la population active et représenteront 75 % dans dix ans. C’est crucial de les comprendre ».
Les millenials ont « une conscience plus élevée du rapport à l’alimentation », notamment de l’impact d’un produit sur l’environnement, le bien-être animal… « Les substituts de viande sont un produit du conséquentialisme. Pourtant, la production de lait et de viande est bénéfique pour l’environnement. Les États-Unis l’ont compris, l’USDA vient d’allouer plusieurs milliards de dollars pour que les exploitations continuent à produire du lait et de la viande. Alors que le géant américain Beyond Meat, qui produit des substituts de viande à partir de plantes, est en chute libre ». Le conférencier estime d’ailleurs que « le véganisme va renforcer les gens qui mangent de la viande ».
L'anthropologue, qui insiste, par ailleurs, sur l’importance du packaging. Il estime que «la France a dix ans de retard, aussi sur les découpes de viande. Il faut se détourner vers des découpes plus fines, plus petite, en copeaux… Les millenials ne mangent plus de la viande mais des plats avec de la viande».