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AG de la CAL : revoir le « business model »

De g. à d. : Pierre-Antoine Ferru (directeur général CAL) ; Bruno Colin (vice-président CAL) ; Dominique Chargé (président de la Coopération agricole) et Pierre-Yves Simonin (président CAL). Photo : JL.Masson
De g. à d. : Pierre-Antoine Ferru (directeur général CAL) ; Bruno Colin (vice-président CAL) ; Dominique Chargé (président de la Coopération agricole) et Pierre-Yves Simonin (président CAL). Photo : JL.Masson

Au carrefour de deux exercices compliqués sur le plan du climat, des rendements, des coûts et des prix, la CAL livre un vibrant plaidoyer coopératif, à l’occasion de ses rencontres partenaires. Avec l’onction du président national, Dominique Chargé.

Pour clore la saison des assemblées générales, et après avoir satisfait le matin même à ses obligations statutaires, la Coopérative Agricole Lorraine accueillait « ses rencontres partenaires » le 20 décembre, au centre des congrès de Nancy.

La double peine en 2024

Le président, Pierre-Yves Simonin, a introduit la séquence en rappelant la sentence « de double peine de l’année 2024 ». Un exercice 2023 victime de l’effet ciseaux entre des charges haussières et des prix des denrées en diminution « qui n’ont pas permis de couvrir les coûts de revient ». Suivi immédiatement « d’un climat 2024 catastrophique, occasionnant des pertes de récolte en quantité et en qualité ». Le tout dans un contexte sanitaire préoccupant pour les productions animales, avec la résurgence de la FCO et d’un climat géopolitique international « qui ne s’est pas amélioré ». Avec ses incidences potentielles sur les marchés des grains et le prix des engrais « notre plus gros poste opérationnel ». Face à l’adversité « la CAL s’adapte, en choisissant d’accompagner au mieux ses adhérents », affirme Pierre-Yves Simonin.

La conjoncture post-moisson 2024 préoccupe le directeur général, Pierre-Antoine Ferru, qui y voit un retour au scénario repoussoir de 2016 « en pire ». La baisse générale des rendements mesurée « entre - 10 et - 30 % (52-53 q/ha), en fonction des secteurs géographiques, laisse augurer d’une collecte au 30 juin 2025 inférieure à la moyenne olympique des cinq dernières années ». Une performance encore obérée par des poids spécifiques à 70-71 et des taux de protéines à 10,2-10,3 ; autant de retenues sur la qualité. Une analyse interne effectuée sur trois typologies de fermes représentatives des adhérents (céréales, lait, viande) fait ressortir un manque d’EBE (excédent brut d’exploitation) entre 250 et 450 €/ha, pour des résultats courants respectifs de - 138 €, + 58 € et + 19 €/ha…

EBE et trésorerie

« Les deux mots-clés sont EBE et trésorerie, poursuit Pierre-Antoine Ferru, attention aux dettes fournisseurs, la coopérative ne pourra pas jouer le rôle de banquier ». La CAL suit et accompagne les adhérents confrontés à des difficultés. Le directeur général fait, au passage, la promotion du plan « Ambition éleveurs » financé par la Région Grand Est. La CAL bénéficiera de 35 dossiers soutenus pour un diagnostic stratégique, dans l’objectif premier de réduire l’impact des intrants et du coût de l’énergie.

Les responsables métiers de la CAL ont ensuite présenté succinctement l’actualité de leurs différents secteurs. Après que Dominique Chargé aura  livré son message sur les forces et faiblesses du modèle coopératif, Pierre-Yves Simonin affichera « la volonté de garder le cap, après deux années de turbulences ». Les défis ne sont pas minces, en termes de réglementation contraignante, de compétitivité, de coûts de plus en plus élevés d’infrastructure et de mécanisation. La question de la rentabilité des grandes cultures pointe au grand jour. « Il faut garder confiance, plaide le président de la CAL. La décroissance n’est pas une solution. La réponse se situe dans l’innovation et dans la synergie entre le végétal et l’animal ». Cette synergie, Pierre-Yves Simonin veut également la renforcer avec les partenaires. Et de conclure « il nous faut revoir notre business model, en passant de la vente de produits à la vente de services pour redonner du sens ».

 

Accident d'écluse sur la Moselle canalisée : coup dur pour la filière céréalière  

Un accident de navigation intervenu sur la Moselle canalisée, perturbe durablement l’expédition des céréales lorraines. Un cargo a endommagé lourdement une écluse et les installations adjacentes à Müden, non loin de Coblence, en Allemagne. Le site se trouve à quelques kilomètres de l’embouchure du Rhin. Le trafic fluvial s’en trouve complétement interrompu, 70 bateaux ont ainsi été bloqués instantanément. 500.000 tonnes de marchandises sont expédiées par cette voie mensuellement. Les céréales destinées à l’exportation constituent environ 45 % de ce volume. Les coopératives et négociants actifs sur le territoire régional s’en trouvent donc largement impactés. Les dégâts sont tels que les autorités allemandes ont estimé à trois mois le délai de remise en état nécessaire, avant une réouverture.

Le directeur commercialisation, Franck Loschi, a fait part de sa préoccupation, à l’heure où la CAL avait planifié des expéditions importantes du produit de la moisson dernière : 15.000 tonnes en décembre ; 55.000 tonnes en janvier, soit un manque à facturer potentiel de 25 M€. Autant dire des préoccupations de trésorerie à court terme. Rappel : près de 80 % des céréales commercialisées la CAL sont transportées par péniches. Des solutions alternatives sont à l’étude pour tenter d’atténuer la difficulté. Elles passent forcément par la voie routière et la mise en circulation de nombreux camions… Une péniche moyenne d’une longueur de 110 mètres peut embarquer près de 2.500 tonnes, avec un « enfoncement dans l’eau » entre 3,20 et 3,50 m. Une « benne céréalière » dépasse rarement la quarantaine de tonnes.