Si au 15 juin, l’aspect des cultures était prometteur, la pluviométrie des mois de juillet et août a impacté la qualité.
De l’eau, de l’eau et encore de l’eau. Une pluviométrie estivale qui a non seulement retardé le début de la moisson, commencée aux alentours du 20 juillet, mais qui l’a aussi entrecoupée. Au 11 août, les récoltes n’étaient pas encore terminées, mais les chantiers redémarraient pour la dernière tranche.
« Nous avons déjà connu des dates de moisson plus tardives, mais cela dénote par rapport aux trois dernières années où la moisson s’est terminée plus tôt et surtout sans aucune pluie du début à la fin. », introduit David Meder, responsable céréales chez EMC2.
Il aura fallu composer avec des conditions de récoltes défavorables. « Le sol n’a pas le temps de bien sécher, et les machines marquent la terre », explique David Meder. Les agriculteurs sont aussi contraints de récolter des marchandises plus humides que d’habitude. La CAL et EMC2 ont ainsi levé les pénalités jusqu’à 18 % d’humidité contre 15,5 habituellement : « c’est une preuve du caractère exceptionnel de cette année, nous n’avions jamais été jusqu’à 18 %, du moins dans les quinze dernières années », ajoute-t-il.
Pas de record en blé
En outre, chaque jour de pluie a un impact sur la qualité. Ainsi, en blé, « si les premières parcelles, récoltées autour du 20 juillet, affichaient un PS de 76 kg/hl en moyenne, les épisodes pluvieux ont fait baisser ce chiffre, en dessous des standards de commercialisation en blé meunier, estime Jean-Marie Guerber, président du GPB Dieuze-Morhange. Au 11 août, il restait encore 30 % des surfaces à récolter sur notre zone. Ces blés seront sans aucun doute déclassés en fourragers ».
Même constat pour les autres coopératives lorraines : pour les blés récoltés fin juillet, le PS se situait à 72 kg/hl pour EMC2 et à 71 pour Lorca. Philippe Hance, responsable chaîne logistique service céréales à la Cal, prévoit une majorité de blés à destination de l’alimentation animale. Les rendements moyens se situent autour de 70 q/ha pour les quatre coopératives.
Faibles calibrages en orge
Si les rendements semblent corrects en orge d'hiver, autour de 75 q/ha pour le GPB, 70 pour les trois autres coopératives, la qualité n’est pas au rendez-vous, toujours impactée par les pluies. « Il existe une inquiétude quant à la capacité germinative à long terme des orges, importante en malterie. Il faudra toutefois attendre des analyses plus poussées fin septembre ou début octobre pour en avoir le cœur net », explique Vincent le Ber, responsable céréales chez Lorca. Les autres indicateurs de qualité ne sont pas plus encourageants : des PS entre 59 et 61 kg/hl quand ils devraient dépasser 62, et des taux de calibrage moyens entre 70 et 75%, soit environ 10 points en deçà de l’an passé. Seuls les taux de protéines sont corrects.
L’orge de printemps semble s’en tirer un peu mieux. « Le taux de calibrage est en retrait de dix points, comme pour l’orge d’hiver et se situe à 75 %. Les rendements sont très hétérogènes, entre 40 et 80 q/ha. En revanche, les taux de protéines sont corrects, et à ce jour nous avons moins d’inquiétudes sur la capacité germinative que pour les orges d’hiver, indique Vincent Le Ber. Toutefois, pour les surfaces récoltées après le 11 août, le risque de prégermination sera sans doute plus important ». Même constat sur les zones du GPB, de la Cal et d’EMC2, où les rendements sont de l’ordre de 60 q/ha.
Des colzas à faible teneur en huile
Côté colza, sans surprise, les rendements n’atteignent pas de records : pour le GPB, ils tournent à 30 q/ha, ce qui est « correct », pour Jean-Marie Guerber. Idem pour la Cal, avec des rendements moyens de l’ordre de 29 q/ha. Pour David Meder, « il est difficile d’estimer un rendement moyen, car au 11 août il restait encore 35 % des surfaces à récolter. Toutefois, nous n’atteindrons peut-être pas 25 q/ha ». Sur la zone Lorca, qui a vu la part de colza diminuer de 60 % cette année, « le rendement moyen devrait être de 24 q/ha, estime Vincent Le Ber. De plus, le taux d’huile est faible, environ 40 % contre 43,5 à 44 % habituellement ». Un constat que confirme Jean-Marie Guerber, qui ajoute : « nous avons également observé des graines germées, ce qui est très rare en colza ».
Et c’est bien là tout le désespoir de cette moisson. Au 15 juin, elle semblait prometteuse. « Les cultures étaient belles, bien implantées », se souvient David Meder. « Les gens s’attendaient à une bonne moisson, entre 10 et 15 q/ha de plus », ajoute Philippe Hance. Finalement, cette moisson est « moyenne en rendement et mauvaise en qualité », confesse Vincent Le Ber. « L’augmentation des prix par rapport à l’année passée vient tempérer cette déception, mais nous devons aussi faire avec la flambée des intrants et notamment des engrais », indique le président du GPB.