Vous êtes ici

La moisson au compte-goutte

Au 27 juillet, l'incertitude planait sur les éventuelles conséquences des aléas météorologiques sur le taux d’huile et le niveau d’acidité des colzas. Photo : H.Flamant
Au 27 juillet, l'incertitude planait sur les éventuelles conséquences des aléas météorologiques sur le taux d’huile et le niveau d’acidité des colzas. Photo : H.Flamant

La pluviosité incessante retarde toujours un peu plus la concrétisation de la récolte céréalière. Véritablement active seulement depuis le 20 juillet sur le sud meurthe-et-mosellan, la moisson avance lentement. 

La campagne céréalière 2021 revêt une physionomie singulière. La végétation avait redémarré plutôt tardivement, après des mois de mars et avril très froids et secs. L’état général des cultures, à l’exception de certains colzas, en début d’été, laissait espérer une moisson sous les meilleurs auspices.

Toutes les denrées en simultané

Même si le retour du battage à des dates plus conformes à la normalité, après deux années de sécheresse intense, semblait se dessiner, les intempéries des dernières semaines sont venues retarder considérablement le début de la collecte. A la Coopérative Agricole Lorraine (CAL), les premières bennes d’orge d’hiver ont été livrées autour du 8 juillet, après un épisode pluvieux, se souvient Philippe Hance, le responsable du flux logistique céréales. Les trois jours qui entourèrent la fête nationale furent diversement, mais pour ainsi dire, partout arrosés «entre 40 et 150 mm». Cela signifiait encore un week-end à ronger son frein, en attendant que les champs ressuient pour pouvoir y accéder. C’est ainsi que la récolte n’est véritablement entrée dans sa phase active que le 20 juillet, du moins sur le sud du département. L’ensemble des espèces ont mûri sous la pluie, ce qui signifie, depuis cette date, l’arrivée de toutes les denrées simultanément dans les silos.

Le 27 juillet, la collecte des orges d’hiver était en voie de terminaison sur le secteur CAL. «Beaucoup de grains germés, d’un tiers à 50 % des volumes, sauf sur les variétés tardives, évalue Philippe Hance. Un poids spécifique (PS) en limite des standards contractuels à 61-62 kg/hl».  A 58, beaucoup de lots ne passeront pas en brasserie ou meunerie et seront déclassés en fourragères. Du côté des rendements, «nous nous acheminons vers un petit 67-68 qx/ha», une performance qui rapproche des moyennes historiques, en tout cas très supérieure à 2020.

Un tiers des surfaces de blé battues

C’est le même pronostic qui ressort pour le blé, dont à peine le tiers des surfaces avaient été battues en milieu de semaine. Là encore, un peu de germé au démarrage mais qui tend à s’estomper au fil des journées, car ces grains finissent par tomber. Pour ce qui est de la qualité, le temps de chute de Hagberg, indice mesurant l’activité des enzymes du grain, s’affiche un peu juste à 220 secondes, tandis que le poids spécifique ressort «tout juste au standard». 

En matière de colza, vu le repli des emblavements encore accentué par les retournements de l’automne dernier, à la suite des mauvaises levées, il n’existe pas de problématique commerciale cette année. Les cours dépassent allègrement les 500 €/t depuis plusieurs mois. Sur la base des 40 % du potentiel engrangé cette semaine, le rendement se stabiliserait autour de 30 qx/ha. Une incertitude plane tout de même sur les éventuelles conséquences sur le taux d’huile et le niveau d’acidité des aléas météorologiques actuels.

La moisson 2021 semble partie pour durer, à consulter les prévisions météo pour les prochains jours. «La cueillette va s’opérer en fonction du taux d’humidité», prévoit Philippe Hance.