Arvalis-Institut du Végétal a renouvelé sa traditionnelle journée technique d'automne, en présentiel, le 14 octobre sur la ferme de Saint-Hilaire-en-Woëvre. La gestion des prairies dégradées a fait l'objet d'un atelier spécifique.
« La dégradation des prairies n’est pas une fatalité. Avant d’entreprendre une rénovation complète ou par sursemis, il faut toujours réaliser un diagnostic préalable, car des mesures correctives, et une adaptation des pratiques peuvent suffire à améliorer la prairie », insiste Didier Deleau, ingénieur régional fourrages à Arvalis.
En effet, les causes de dégradation des prairies sont multiples, et si elles peuvent être liées à des accidents climatiques récurrents sur plusieurs années ou des dégâts de ravageurs, il ne faut pas sous-estimer l’impacts de pratiques à risque. Sur ou sous fertilisation, mauvaise gestion du pâturage, dates et rythmes d’exploitation inadaptés, interventions mécaniques agressives sont autant de facteurs accélérant la dégradation des prairies. En modifiant ces pratiques, on peut en limiter l’impact. Toutefois, si de multiples trous sont visibles et que les espèces indésirables ont pris le dessus sur les espèces de bonnes valeur fourragère, le sursemis ou la rénovation totale peuvent être envisagés.
« Le sursemis est plus économique qu’une rénovation totale avec labour et évite le retournement des prairies », indique Didier Deleau.
Semis d'automne, bien raisonner la date
La date de semis à l’automne est à bien raisonner afin d’esquiver la sécheresse de fin d’été mais aussi les gelées précoces. « Il faut que les légumineuses aient atteint le stade trois feuilles trifoliées avant les premières gelées à – 5°C », insiste Damien Godfroy, conseiller à la chambre d’agriculture des Vosges.
Le choix des espèces est aussi à considérer. Les ray grass italien et hybrides sont intéressant par leur rapidité d’installation. En revanche, ils ne sont pas très pérennes. Le ray-grass anglais fera l’affaire également, moins rapide d’installation, il est toutefois plus pérenne. « En revanche, il ne supporte ni le sec, ni la chaleur, alors pour faire face à la sécheresse, on peut ajouter du dactyle ou de la fétuque élevée », tempère Didier Deleau. Pour les légumineuses, les trèfles violet et blanc sont adaptés.
Le plantain a également été testé en 2020 et 2021. En effet, cette plante est souple d’exploitation, son stade influençant peu sa valeur alimentaire. De plus, elle résisterait bien au sec. « Pour l’instant, les résultats sont assez décevants, même si l’appétence du plantain au pâturage restait bonne quel que soit son stade de développement. En revanche, la sécheresse de 2020, en première année d’implantation, semble avoir mis à mal les plantes, qui ont également pu souffrir de la forte concurrence en prairies permanentes. Nous allons renouveler l’expérimentation pour écarter un éventuel effet année », commente Fanny Mesot, conseillère à la Chambre d’agriculture de la Meuse.