Le Groupe Lorca tenait mardi 3 décembre son assemblée générale au Kinépolis de Saint-Julien-lès-Metz. Malgré une accumulation d’éléments défavorables, le Groupe maintient des résultats remarquables.
Après un mot d’accueil du président, Philippe Dessertenne, directeur général du Groupe Lorca, est intervenu pour présenter les grandes lignes de l’exercice écoulé. Il a débuté ses propos en évoquant le travail sur la sécurité entamé un an plus tôt et se félicite des résultats : «l’indice de sécurité s’améliore avec une baisse constatée du taux de gravité qui passe à 0,85 contre 1,14 pour l’exercice précédent».
Après ce premier constat, le directeur a rappelé le contexte d’un exercice perturbé. «Notre activité a connu différents freins tout au long de l’année, que ce soit du fait du climat, de la conjoncture ou encore de l’inflation qui a une incidence sur le Groupe». Malgré tout, Philippe Dessertenne a tenu à rappeler que «de gros efforts ont été réalisés en janvier et en juin avec 15 millions d’euros de compléments de prix pour couvrir en partie les charges des adhérents». Il a poursuivi en détaillant les différents projets réalisés tels que la mise en place du Crm (système de gestion de la relation client), la refonte du site extranet, la vulgarisation du support numérique pour passer 100 % des commandes via Aladin ou encore la mise en place d’un Sav pour les adhérents, très attendu et déjà très sollicité.
Côté diversifications, les activités ont aussi été perturbées. La météo a eu un impact considérable sur l’activité Magasin Vert-Point Vert, mais le résultat reste positif. Concernant Lorcamat, qui rassemble les matériaux et l’énergie, «l’inflation élevée a freiné l’activité et il a fallu trouver de nouvelles manières d’aller chercher d’autres clients, en allant sur les chantiers notamment».
Ne pas négliger l'élevage
La suite des travaux s’est organisée sous la forme de deux tables rondes, l’une sur le thème jardins et habitats et l’autre sur l’activité agricole. Lors de ce premier temps fort, il a été mis en avant la création d’un dispositif Evolu’Go qui permet de recruter en interne. L’idée est de repérer les talents dans le groupe et de les accompagner vers de nouveaux métiers et de nouvelles responsabilités. Chaque promotion est ouverte à dix salariés et la formation comporte trois volets, la formation, l’immersion et le benchmarcking. Durant cette table ronde, les différents intervenants ont mis en avant les travaux réalisés pour répondre aux défis d’isolation et d’énergie mais également réaffirmés la position de leader du Groupe sur le marché du Gnr.
Lors de la deuxième table ronde, les aléas ont occupé une part importante des débats. Jean-Paul Defloraine, premier vice-président, a affirmé que la sérénité, le calme sont les seules solutions pour appréhender et anticiper les aléas climatiques. «Il faut diversifier les cultures pour limiter le risque, curer les cours d’eau et retrouver nos moyens de production car nous sommes confrontés à des impasses réglementaires». Il a étayé ses propos en expliquant que «jusqu’en 2000, on gagnait chaque année un quintal par hectare et que depuis, nous avons perdu 0,2 quintal par an». Edmond Claiser a, quant à lui, évoqué «la situation de l’élevage qui a encore démontré, cette année, que ce n’est pas un long fleuve tranquille. Mais ce n’est pas une production à négliger, elle offre la valorisation des prairies et, avant l’arrivée de la Fco, permet de dégager des résultats quand les céréales connaissent des perturbations».
En clôture des travaux, Christian Sondag a tenu à souligner les efforts consentis par la coopérative dans un contexte d’instabilité mondiale, de guerre et de perturbations politique et climatique qui impactent les activités du Groupe. Il évoque «des résultats remarquables, positifs, malgré deux compléments de prix de 4 et 11 millions d’euros en janvier et juin», et souligne «un gros travail effectué sur les charges tant en appro que sur les filiales».
En conclusion, le président affirme que «Lorca mettra tout en œuvre pour accompagner au mieux ses adhérents comme en accélérant des compléments d’acomptes ou en reportant des échéances, comme l’a décidé le conseil d’administration».
Une période de transition
À l’issue des travaux d’assemblée générale, François Lenglet était invité à intervenir sur le thème des nouvelles données économiques et géopolitiques pour l’Europe et la France. En ouverture de son intervention, l'intervenant a tenu à rappeler que les crises se sont succédées ces cinq dernières années, tant au niveau sanitaire que politique ou géopolitique, mais qu’il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau.
En dressant le contexte géopolitique, il explique que l’équilibre mondial a toujours été régi, ces derniers siècles, par la présence d’un «maître du monde». Ce rôle était endossé, ces dernières années, par les États-Unis qui, lorsque Trump décide de se retirer des différents conflits, abandonnent cette position. Il poursuit son explication en évoquant le retrait des États-Unis qui permet «aux méchants» de se ressaisir, ce qui explique le réveil de Poutine, par exemple. Il démontre que ce sont des revendications du Grand Sud global contre l’Occident qui entraînent des guerres comme celles en Ukraine, en Israël ou à Taïwan. Ces guerres vont structurer l’environnement international pour un bon moment.
François Lenglet décrypte la position du Royaume-Uni ainsi que des États-Unis, qui ont souvent été précurseurs dans l’histoire récente. D’après l’économiste, le Brexit, puis, aujourd’hui, l’élection de Trump nous conduisent vers une réalité protectionniste. Nous assistons à une relocalisation de la production, à un cloisonnement du monde, et un monde structurellement inflationniste. Il poursuit en évoquant que le phénomène politique clé attendu depuis une dizaine d’années est l’ordre. Les valeurs des babyboomers s’épuisent avec leur arrivée à la retraite car on n’arrive pas à trouver le juste point entre excès de liberté et excès d’ordre. Le besoin de protection se substitue donc aux besoins de liberté.
François Lenglet explique que nous sommes actuellement dans une période de transition, qui dure en général une quinzaine d’années, et affirme qu’il y a souvent de longues périodes de croissance après celles de transition. Selon lui, nous serions probablement plus près de la fin que du début de cette période.
En conclusion il établit un parallèle entre l’industrie et l’agriculture. Il s’inquiète de la trajectoire prise par l’automobile qui nous emmène droit dans le mur, et souligne que si l’agriculture prend la même direction, ce sera une «dinguerie». Le Mercosur représente, pour lui, un accord ubuesque qui n’a comme justification que la géopolitique, et est une conséquence de quinze ans de libre- échangisme. Il conclut en évoquant l’illusion que peuvent avoir nos politiques qui voudraient valider ces accords, s’ils imaginent que cela ferait baisser les prix à la production. François Lenglet estime qu’ils raisonnent avec un logiciel libéral, totalement dépassé qui date du siècle dernier.
Les chiffres de l’exercice Globalement, le chiffre d’affaires du Groupe Lorca est en diminution, ce qui s’explique par une baisse du prix des céréales mais également par un recul de l’activité matériaux. L’Ebe est également en baisse, en raison des compléments de prix exceptionnels, ce qui engendre un résultat net de 2,5 millions d’euros contre 3,6 M€ pour l’exercice précédent. Concernant le pôle agricole, le chiffre d’affaires s’élève à 293 M€ pour une collecte de 582.000 tonnes. La collecte d’animaux pour Lorca Élevage est en hausse de 3 % pour atteindre 25.556 animaux. Le résultat net de ce pôle s’élève à 2,5 M€. Du côté du pôle matériaux, énergie et motoculture, le chiffre d’affaires s’établit à 51,9 M€ pour un résultat net de 0,1 M€ et un volume d’énergies fossiles de 23.900 m3 contre 25.500 m3 sur l’exercice précédent. La nouvelle activité de motoculture, qui regroupe cinq agences, génère un chiffre d’affaires de 8,7 M€. Enfin, le pôle jardins et terroir engendre un chiffre d’affaires de 73,6 M€ pour un résultat net de 1,2 M€. Après les cinq inaugurations de l’exercice, le Groupe détient 56 magasins qui ont permis 2 millions de passages en caisse. |