Afdi Lorraine et Grand Est ont tenu assemblé générale commune, jeudi 20 juin, en Moselle. L'occasion pour les deux structures de dresser le bilan de l’année passée et des actions menées.
Depuis cinquante ans, Agriculture française développement international (Afdi) soutient les agricultures familiales dans leur volonté de vivre dignement de leur métier, et d’assurer la relève, dans les exploitations agricoles et au sein des organisations paysannes. L’association base son action sur des échanges professionnels entre pairs et le partage de savoir-faire, elle développe une approche visant une solidarité paysanne mondiale autour du métier d’agriculteur.
2023 a été une année de renouveau pour Afdi Lorraine. Les années passées ont été compliquées avec la situation sanitaire du Covid 19 qui a obligé Afdi à aménager ses projets. Les échanges ont pu pleinement reprendre avec les voyages d’étude qui ont pour vocation de faire découvrir la coopération agricole internationale, les réalités d’une autre agriculture, et sensibiliser le plus grand nombre aux actions d’Afdi.
Les dons de produits comme les pommes de terre ou le miel, ainsi que les opérations de vente de pâtés lorrains et de jus de pomme contribuent au financement de l’association. À cela s’ajoutent bien sûr les dons financiers et les soutiens des coopératives et syndicats. Les deux pays principaux d’échange avec la Lorraine sont le Togo et le Rwanda.
Rendre attractifs les métiers agricoles
Afdi Grand Est regroupe Afdi Lorraine et Afdi Alsace afin de les représenter au niveau national, les deux groupes travaillant en collaboration. Afdi Grand Est developpe un partenariat avec cinq pays d’Afrique, ce qui représente 51.000 agriculteurs bénéficiaires. En 2023, toutes les actions ont été possibles grâce à l’implication de trois salariés et aux deux cents adhérents du Grand Est. Leurs actions ont couvert dix manifestations pour un total de 305 jours de bénévolat.
Afdi a travaillé avec le Mali, le Rwanda, le Togo et le Cambodge sur la commercialisation et la promotion de leurs productions agricoles. Pour le Mali, une mini laiterie a vu le jour. Elle reçoit, transforme et vend entre vingt et cinquante litres de lait par jour. Au Togo, l’Imba (organisation des agriculteurs au niveau national avec pour objectif l’amélioration du bien-être des agriculteurs) a assuré sa première collecte de haricots avec 26 tonnes stockées. Un travail sur l’amélioration de la commercialisation doit être réalisé en 2024. Une étude de marché sur les opportunités de valorisation a également été réalisée sur le territoire. Le Cambodge a, quant à lui, travaillé sur la communication en réalisant quatre formations au “média marketing” auprès de soixante-dix agriculteurs (cinquante-deux jeunes et trente et une femmes).
Les cinq pays partenaires sont également accompagnés afin de rendre attractifs les métiers agricoles auprès des jeunes ruraux dans des pays où le métier d’agriculteur n’est pas valorisant. Les changements climatiques restent également au cœur des débats et travaux. Des formations de gestion des eaux, sur la production de compost, et des réunions de prévention sont organisées dans les différents pays.
L’année passée aura également permis la réalisation de sept missions d’échanges dont trois Nord-Sud, trois Sud-Nord et une Sud-Sud. Les missions Nord-Sud se sont accomplies au Rwanda, au Togo et au Cambodge. Ces voyages ont permis, aux délégués Afdi de rencontrer les jeunes, visiter les fermes écoles, participer à des ateliers de développement, ou encore découvrir les moyens mis en place dans le but de rendre attractive l’agriculture. Les missions Sud-Nord se sont, quant à elles, déroulées en Alsace, en Moselle et en Normandie. Les visites du Rwanda et du Cambodge ont eu lieu dans les mêmes périodes permettant aux deux délégations de participer aux journées réseaux Afdi 2023 qui se tenaient à Caen. Enfin, l’échange Sud-Sud a permis, à des formateurs togolais, de visiter et échanger avec les agriculteurs du Bénin.
Table ronde et fermes écoles
Les assemblées générales communes des deux branches Afdi permettent, chaque année, de pouvoir rencontrer et échanger sur l’agriculture au-delà de nos frontières. Cela révèle souvent des contextes bien différents mais des problématiques communes. Deux représentants du Rejeppat, région centrale du Togo, (cela équivaut aux Ja français) ont fait le déplacement pour échanger sur leur agriculture.
Abidé Peketi est trésorière du Rejeppat. Il s’agit de la seule femme du Togo possédant une ferme école ; on en compte treize sur le territoire de la région centrale. Ces exploitations sont utilisées pour former et apprendre aux futurs agriculteurs à cultiver en respectant l’environnement, mais également en augmentant la productivité. «Les jeunes viennent en formation pendant trois mois. Nous leur apprenons comment faire leur compost, ce qu’est la bio fertilisation ou encore la transformation des produits. Ils sont hébergés et vivent sur place le temps de leur formation», explique Abidé. Les formations plus ciblées sont également dispensées sur le principe de formation à la carte durant deux semaines. Toyl Abossi est, lui, chargé de formation et de développer les marchés au Rejeppat. Il dirige également une ferme école, et partage les mêmes difficultés que ses collègues. «Nous souhaitons développer nos structures d’accueil et faciliter l’accès à l’eau, afin de sensibiliser encore plus de jeunes» complète Toyl.
L’agroécologie est au cœur de leurs formations dans un pays où les prix conventionnels et biologiques sont les mêmes, cela semble fou ! Ils trouvent dans ces moyens de production une façon de produire malgré les changements climatiques. Les formations leur permettent également d’améliorer leur qualité de vie, comme le raconte Abidé : «je forme sur l’agriculture bio pour la nature mais aussi pour la santé de ma famille. Avant, j’allais acheter du fromage, ça donnait mal au ventre. Alors je suis allée me former à la transformation, et maintenant nous avons de bons produits qui ne rendent pas malades».
L’étude de marché réalisée au Togo a pour but de les aider dans leur recherche d’une meilleure valorisation. Les deux jeunes togolais espèrent encore réaliser beaucoup de progrès pour l’agriculture de leur pays grâce au soutien d’Afdi.