Vous êtes ici

Vendeuvre ressuscite à Maixe

Christian Pinon, le président de l’Amicale et Pascal Laurent, le local de l’étape, posent devant l’emblématique B2B fabriqué entre 1962 et 1964. Photo : JL.Masson
Christian Pinon, le président de l’Amicale et Pascal Laurent, le local de l’étape, posent devant l’emblématique B2B fabriqué entre 1962 et 1964. Photo : JL.Masson

Dans un village où la concession agricole est récemment passée du rouge au vert… c’est finalement une marque orange qui a tenu la vedette, les 27 et 28 avril. L’Amicale des collectionneurs de tracteurs Vendeuvre a rassemblé ses passionnés. Et s’est ouverte au public. Séquence rétro.

Une ambiance rurale du début des années 60 régnait à Maixe le weekend des 27 et 28 avril. Pour une manifestation entièrement dédiée à une marque de tracteurs disparue du paysage depuis… 1964. A l’époque, Vendeuvre se situait au deuxième rang des constructeurs français, derrière le leader Renault. Il fut le premier à développer le moteur diesel, au point même d’équiper ses rivaux américains, jusqu’alors propulsés à l’essence et beaucoup plus gourmands en carburant.

Sauvegarder un patrimoine

Cinq séries de tracteurs de 14 à 95 cv furent fabriqués à Vendeuvre-sur-Barse, dans l’Aube, entre 1952 et 1964. Et une sixième sous licence Allis Chalmers, après absorption de Vendeuvre, entre 2962 et 1964. 35.000 engins, exclusivement en deux roues motrices, auraient été produits. Près de 250 passionnés de ces engins du siècle dernier sont rassemblés au sein de l’Amicale Vendeuvre. Une petite moitié d’entre eux était réunie dans le village du nord Lunévillois, pour tenir l’assemblée générale. Les épouses des congressistes, pendant ce temps, ont visité le musée du Cinéma de Saint-Nicolas-de-Port et le Conservatoire de la broderie perlée de Lunéville.

« Notre but premier est de préserver ces matériels et de sauvegarder un patrimoine, assure Christian Pinon, le président, tout en s’amusant ». Venu de Pannes, dans le Loiret, une commune jumelée avec Pannes dans le nord Toulois, ce fils d’agriculteur passé au machinisme, explique que son club guide les adhérents à partir de revues techniques. Les bénévoles gèrent un site internet qui contient toutes les informations utiles sur la marque et propose une bourse d’échanges de pièces, la « boutique en ligne ». « Nous faisons même fabriquer des pièces d’origine à la demande », détaille Christian Pinon.

Les mains dans le cambouis

Pascal Laurent, agriculteur retraité à Drouville, village voisin de Maixe, est l’un de ces passionnés Vendeuvre. Vice-président de l’Amicale, il a été la cheville ouvrière de ces journées, épaulé par les 3M, l’association des collectionneurs meurthe-et-mosellans, toutes marques. La ferme paternelle ne disposait pas de Vendeuvre. Mais à l’âge de douze ans, le jeune Pascal emprunte un tracteur orange et dévale le verger du voisin au volant. La réprimande de l’ancien ne suffira pas à dissuader le futur agriculteur de s’intéresser à la marque orange.

Agé aujourd’hui de 72 ans, il en possède une trentaine, et confie consacrer l’essentiel de son temps libre à la remise en état de ses préférés, les mains dans le cambouis, en se faisant accompagner "par deux copains mécanos".  La plupart de ces spécimen étaient exposés sur le terrain de foot de Maixe, reconstituant une mini gamme, pour une après-midi ouverte au public. Certains tracteurs étaient même à l’ouvrage pour reproduire un battage à l’ancienne, ou encore pour tracter une botteleuse de paille.

Recruter quelques jeunes

Un public bon enfant est venu goûter aux délices de ces évocations historiques. Les festivités se sont poursuivies le dimanche après-midi, à l’occasion de la traditionnelle balade en tracteurs des 3M, parcourant 18 km en traversant une demi-douzaine de communes voisines.

Après la Seine-Maritime l’an passé et l’Isère la saison prochaine, la Lorraine a donc fait revivre pour quelques heures des engins qui ont marqué une étape de la mécanisation et la motorisation agricoles au siècle dernier. Christian Pinon formule le vœu que tout cela se pérennise, en lançant un appel aux adhésions. « Notre priorité est de recruter quelques jeunes », affirme le garant de l’esprit Vendeuvre dont l’Amicale a déposé la marque à l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI).

 

Comme à la belle époque, la gamme Vendeuvre, en exposition. Photo : JL.Masson
Comme à la belle époque, la gamme Vendeuvre, en exposition. Photo : JL.Masson