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Céréales : attention au froid pendant la méïose

En orge d’hiver, les quarante parcelles observées dans le réseau  Barrois-Lorraine sont majoritairement à dernière feuille pointante/étalée et jusqu’à début épiaison pour les plus avancées. Photo : Pauline Mangin.
En orge d’hiver, les quarante parcelles observées dans le réseau Barrois-Lorraine sont majoritairement à dernière feuille pointante/étalée et jusqu’à début épiaison pour les plus avancées. Photo : Pauline Mangin.

Du 17 au 26 avril, il n’est pas rare d’avoir localement frôlé les 0°C dans notre région. Ce coup de froid peut avoir des impacts au niveau physiologique des plantes. Explications sur les mécanismes en jeu et analyse du risque.

Dans notre région, des températures avoisinant les 0 à 2°C ont pu être enregristrées dans les stations météos sous abris. À noter qu’en plein champ, les températures sont souvent inférieures. Cela a pu entraîner des risques pour la culture, à analyser en fonction du stade. Une fois la montée de l’épi dans la tige, le seuil de risque retenu est de -4°C, avec des dégâts variables selon la durée d’exposition au gel. Un stade présente cependant une sensibilité particulière au froid, au moment de la méiose pollinique. Il s’agit de la courte phase pendant laquelle les grains de pollen se forment. À ce moment-là, le seuil d’alerte est plus faible avec un risque possible dès 4°C.

Le stade méiose s’observe :

• quand le sommet du jeune épi touche la ligule de l’avant dernière feuille, soit environ dix jours avant l’épiaison ;

• la dernière feuille se trouve souvent autour de 80 % de son stade foliaire final : on parle de «ligule dans la ligule» ;

• chez l’orge, cela coïncide avec les barbes visibles.

D’après le bulletin de Santé du Végétal du 24 avril, les cinquante-neuf parcelles de blé observées dans le réseau Barrois-Lorraine sont principalement au stade trois nœuds et dernière feuille pointante. Le stade méiose est estimé fin du mois d’avril ou tout début mai. En orge d’hiver, les quarante parcelles sont, quant à elles, majoritairement à dernière feuille pointante/étalée et jusqu’à début épiaison pour les plus avancées.

Un impact souvent localisé

Le risque de “froid méiose” est donc relativement faible au regard des stades actuels, si ce n’est sur les parcelles d’orge d’hiver les plus avancées. À noter que l’impact est souvent très localisé au sein des parcelles : fond de versant.

Tout stress physiologique à la méiose peut altérer sérieusement le rendement. En effet, c’est durant cette phase que la fertilité des épis se met en place. En cas de stérilité d’une proportion conséquente d’épis, la composante du rendement nombre de grains par plante est fortement réduite. Ces stress physiologiques peuvent être dus, entre autres, à un coup de froid ou un défaut de rayonnement. Ils compromettent l’alimentation en sucres des cellules des anthères, lieu de production du pollen. Les problèmes à la méiose se traduisent souvent par des symptômes caractéristiques au niveau de l’épi visibles tardivement, comme des dissymétries.

Il n’est pas possible, à l’échelle des parcelles de céréales, de protéger du froid comme cela se fait en vignes ou en vergers. En revanche, il est important de ne pas ajouter de facteurs de stress supplémentaires ; ainsi, il est déconseillé d’appliquer des solutions phytosanitaires à effets phytotoxiques dans ces situations : herbicides, régulateurs, ou certains fongicides. À l’inverse, bien qu’aucune donnée ne soit disponible à la connaissance d’Arvalis sur le sujet, il est très peu probable que l’application spécifique d’éléments fertilisants ou nutritionnels (type oligo-éléments, engrais foliaires ou encore biostimulants) joue un rôle protecteur lors de ces épisodes de froid. Pauline Mangin - Pascaline Pierson - Arvalis

 

A la station de Metz-Augny, sous abris, les températures ont récemment avoisiné les 0°C. En plein champ, elles ont pu être inférieures.
A la station de Metz-Augny, sous abris, les températures ont récemment avoisiné les 0°C. En plein champ, elles ont pu être inférieures.