Séquence prospective sur l’adaptation nécessaire de l’agriculture à l’évolution du climat. Mélanie Jeannot, de la Chambre d’agriculture, a fait monter la température, lors de la soirée du Comice. Non sans apporter des recettes. Extraits.
La séance d’hiver du Comice de Lunéville, le 10 mars, à Moncel, s’est ouverte sur le bilan encourageant de la fête du 29 mai 2022 à Maixe. Après deux ans de privation, due au contexte sanitaire, l’évènement a retrouvé son public, le temps d’une journée à la campagne, partagée avec la brocante du village. Trente-cinq exposants avaient répondu présents, dont les éleveurs avec leurs animaux. Les attractions fortes restent les vieux métiers, les engins agricoles historiques des 3M et les stands de vente directe des produits du terroir.
Risque élevé en 2023
Didier Bourdon, le président de l’association, s’il admet l’amélioration des prix des principales denrées agricoles en 2022, estime « le risque élevé » d’une détérioration de la situation en 2023 « qui ne sera, sans doute pas, un long fleuve tranquille ». En cause, la flambée des prix des intrants, engrais, lubrifiants, ainsi que les coûts du matériel.
Une autre épée de Damoclès fait peser l’incertitude de l’avenir de l’activité agricole, celle du réchauffement climatique. Mélanie Jeannot, conseillère à la Chambre d’agriculture, était invitée à réfléchir sur les adaptations nécessaires pour la profession. Cette spécialiste de l’agronomie-environnement rappelle d’entrée « la force d’inertie du climat» : « la réduction immédiate d’émissions de gaz à effet de serre n’aura des répercussions que dans trente ans ».
Atténuations et adaptations
Face au changement climatique, l’agriculteur peut agir en pratiquant « des atténuations » décrit Mélanie Jeannot. Cela passe par des évolutions techniques culturales, une optimisation de l’herbe, une maîtrise de l’engrais organique. Un travail est à mener sur la ration des animaux, ainsi que sur la couverture des sols, la valorisation des effluents et la réduction de la part des énergies fossiles. La seconde étape passe par « des adaptations » en saisissant des opportunités. La conseillère argumente « diminuer les effets négatifs du bilan hydrique en baisse ; limiter les effets négatifs de la forte variabilité annuelle ; améliorer la résilience ». En résumé : anticiper, pour faire du changement climatique « un allié ».
La problématique du jour fait réagir les invités du Comice. Le président de la Fdsea, Jérémy Jenneson, milite en faveur d’une gestion de l’eau responsable citoyenne. Il défend un modèle d’irrigation raisonnée « dans le cadre d’un partage et de la meilleure utilisation collective possible ». Une analyse partagée, par le président de la Chambre, Laurent Rouyer, qui voit en la gestion de l’eau « une vraie priorité ».