L’année 2022 a été marquée par une sécheresse extrême et les bilans fourragers se retrouvent de nouveaux très tendus cet automne. Les cours des intrants poursuivent leur forte hausse. Mais les cours des JB sont à des niveaux inégalés. Dans ce contexte, quelle ration d’engraissement des jeunes bovins, pour quel coût ?
Les récoltes d’herbe et de luzerne ont été fortement pénalisées en raison de la fraicheur du printemps et à cause de la sécheresse qui s’est installée dès le mois de juin. Heureusement, les stocks de report de 2021 ont généralement permis de faire face aux besoins d’affouragement au pâturage. Du côté des maïs ensilages, l’impact de la sécheresse a été variable sur les récoltes. Là où du maïs grain était prévu, les surfaces ensilées ont pu être augmentées pour équilibrer les bilans fourragers. Les disponibilités en pulpes de betteraves s’annoncent aussi limitées.
Les prix des correcteurs azotés poursuivent leur hausse et la tension sur les matières première perdure. La hausse des cours des céréales renchérit aussi les coûts alimentaires. Les cours des broutards et les jeunes bovins, toujours soutenus par le manque d’offre, sont en progression constante pour atteindre un niveau inégalé.
Coût alimentaire en hausse
Les rations présentées dans le tableau 1 correspondent aux besoins d'un taurillon charolais pour passer du poids de 320 kg vifs à 720 kg vifs (soit 420 kgc avec un rendement 58 %).
Les croissances visées (en moyenne sur la durée de l'engraissement) doivent se situer autour de 1.400 g/j pour une ration à base d'ensilage de maïs, 1.500 g/j pour une ration maïs + 3,5 kg de céréales ou maïs-pulpes, et 1.600 g/j pour des rations à base de céréales. Pour atteindre un même objectif de poids à la vente (420 kgc en moyenne), la durée d'engraissement sera donc d'autant plus courte que la ration choisie permettra une croissance élevée. Néanmoins, les rations permettant les meilleures croissances peuvent être onéreuses et le coût total sur la durée d’engraissement doit être calculé. Certaines rations sont plus délicates à conduire que d'autres et les objectifs de croissance peuvent être alors difficiles à atteindre. Attention à bien gérer la période de transition alimentaire qui doit être progressive.
Sur la base des hypothèses retenues, les coûts alimentaires des rations sont de nouveau en hausse par rapport à la même période en 2021 : de près de 40 % pour les rations maïs et céréales, et de 10 à 25 % pour les rations avec pulpes.
Suivi pointu des jeunes bovins
Le coût alimentaire sur la durée totale de l'engraissement varie donc entre 578 et 732 € par taurillon produit, selon les rations. Au coût alimentaire s’ajoutent des frais vétérinaires (31 € par animal), des frais divers d'élevage (7 €), des frais d’eau, électricité, entretien, assurances (16 €), des frais de distribution/paillage (55 €) et des frais financiers (17 €). L’ensemble de ces frais constitue les coûts opérationnels.
Pour approcher l’intérêt économique, appuyons-nous sur le schéma 1 à partir d’un exemple : si la valeur du broutard de 320 kg mis en engraissement est de 3,28 €/kg vif (achat à 1 050 € pièce) et en intégrant 2 % de pertes, l'engraissement couvre les charges engagées avec un cours du taurillon à 4.46 €/kg de carcasse. Mais la main d’œuvre n’est pas rémunérée et les annuités éventuelles du bâtiment n’ont pas encore été prises en compte dans le calcul.
Dans tous les cas, la rentabilité de l'engraissement passe par une bonne maîtrise technique et un suivi pointu des animaux. La perte d'un animal peut compromettre la marge de tout un lot de taurillons : 2% de perte impacte le prix de revient de 6 à 8 centimes d’euro par kg de carcasse, selon le prix d’achat du broutard et la ration. Il faut réagir rapidement à toute baisse de consommation ou ralentissement de croissance. Assurer l'objectif de croissance, c'est limiter la durée de présence et respecter la date de sortie prévisionnelle : en mars-avril pour des animaux nés en début d'automne et avant le mois de juin pour des animaux nés en début d'hiver.
Retrouvez l'article complet dans Le Paysan Lorrain du 25 novembre.