A la demande de la Métropole du Grand Nancy, la FDSEA a organisé la vidange des piscines temporaires des Deux Rives. Ce partenariat inédit permet d’établir un focus médiatique sur la nécessité d’organiser le stockage et le partage de l’eau pour faire face à la répétition des épisodes de sècheresse.
En pleine période d’arrêté de restriction sur l’usage de l’eau, le démantèlement des piscines temporaires des Deux Rives à Nancy a imposé à la Métropole une réflexion inédite. Une idée a germé au Service des Parcs et Jardins de la ville de Nancy, pour optimiser cette ressource devenue rare : transférer l’eau des piscines vers des réservoirs de stockage, qui vont permettre une réutilisation pour les usages de la ville dans un cercle vertueux. Les jardins éphémères de la place Stanislas seront les premiers bénéficiaires de ce recyclage inédit.
Quatre tonnes à lisier
Mais déménager 480 m3 d’eau en quelques heures et en ville ne s’improvise pas. Il faut trouver les ressources logistiques adaptées. Pierre Didierjean, directeur des Parcs et Jardins pense aux agriculteurs qu’il a vu combattre les incendies cet été. Contact est pris avec la FDSEA qui a rapidement répondu positivement à cette sollicitation hors-normes.
Le challenge n’est pas si simple. Les délais sont très courts, il faut évaluer et résoudre les contraintes techniques (accessibilité, pompage, déchargement). Par son réseau, la FDSEA mobilise trois agriculteurs et quatre tonnes à lisier pour une capacité de transfert de 60 m3 par voyage. En 48 heures, les détails techniques sont calés avec le responsable du site des Deux Rives à la Métropole du Grand Nancy. Mardi matin, les agriculteurs sont à pied d’œuvre, et en quelques heures, l’eau convoitée a changé de lieu et de contenant.
De l’eau au bon endroit et au bon moment
Si la FDSEA démontre une fois de plus sa solidarité et sa réactivité au service du bien collectif, son action est aussi destinée à répondre à deux enjeux agricoles.
Le premier est de court terme. Mis en fragilité par la sécheresse, les jardins éphémères de la place Stanislas, prévus à la fin du mois de septembre, sont réalisés en partenariat avec deux établissements d’enseignement agricoles lorrains (Courcelles-Chaussy et Roville-aux-Chênes). « Transférer l’eau permet de soutenir cette action pédagogique qui met en avant le savoir-faire de nos élèves et de nos enseignants. Le paysage fait partie intégrante de l’agriculture », explique Denis Piard, le vice-président de la FDSEA, coordinateur de l’opération.
Le deuxième enjeu est plus stratégique. Pour la FDSEA, cette opération reflète parfaitement les problématiques actuelles du changement climatique et de son impact en Lorraine. Comment stocker l’eau, en partager l’usage, en favoriser la réutilisation au bon endroit au bon moment. « Les collectivités et les services de l’Etat doivent intégrer la nécessité, pour la Meurthe-et-Moselle, de devoir stocker l’eau. Notre agriculture va devoir explorer la piste d’une irrigation innovante, raisonnée et adaptée à nos territoires. Cela ne pourra se faire sans aborder cette question du multi-usages et des équilibres collectifs », explique Denis Piard.
Mobiliser les tracteurs et les tonnes à lisier pour vider des piscines aura permis un joli coup de projecteur médiatique pour promouvoir la place de l’agriculture de Meurthe-et-Moselle dans ce débat d’actualité.