Une actualité pesante sur fond d’explosion des coûts de l’énergie et des matières premières a nourri le débat lors de la session de la Chambre d’agriculture, le 21 mars, à Laxou. Où l’on apprend à distinguer l’urgence du court terme, des perspectives à plus longue échéance. A condition de s’en donner les moyens.
« Tous les prix des matières premières et de l’énergie ont flambé, générant des difficultés d’approvisionnement en ferme », a introduit Laurent Rouyer. Si les travaux de printemps n’étaient pas encore entrés, à cette date, dans une phase intense, les difficultés redoutées allaient rapidement se présenter. « Nous aimerions tous récolter dans des conditions le moins stressantes possibles, soupire le président de l’organisme consulaire. Mais je me garderai de toute prospective qui risquerait d’être infirmée dans deux jours ». Les services de la Cda tentent d’accompagner au mieux les exploitants, en leur fournissant les éléments d’un calcul économique sur le coût de leurs intrants, en lien étroit avec les fluctuations du marché.
De nouveaux modèles économiques
L’élevage, en premier lieu celui des monogastriques, est particulièrement impacté. L’accès aux sources protéiques est posé. Pour Laurent Rouyer, l’urgence est « de travailler de pair avec toutes les filières, pour trouver de nouveaux modèles économiques nous permettant d’être autonomes, un véritable enjeu structurant ». En attendant, la session a pris une délibération soutenant l’approvisionnement en énergie et en matières premières. Le président de la Fdsea, s’il ne conteste pas les difficultés à court terme, veut se garder de tout excès de pessimisme. « Certes le conflit révèle des impasses, il va falloir que les logiciels évoluent », lance Luc Barbier. La problématique première est celle des matières premières, en particulier celle de l’azote, dépendant du marché international et grandement impacté par la logistique.
Collectivement responsables
Le dirigeant syndical veut prendre « les choses dans l’ordre. D’abord pérenniser l’accès à l’énergie pour notre métier, en trouvant des moyens d’accompagnement. Ensuite, la crise remet l’agriculture au centre du débat sur la sécurité ou la souveraineté alimentaire ». Ce qui pose, selon lui, la question de l’évolution de la Pac et de la priorisation à la production. Enfin, le troisième angle se situe au point de vue de la souveraineté énergétique. « Est-ce que l’agriculture en prend une part ou non ? interroge Luc Barbier, il s’agit d’un choix de société ». Un besoin d’investissement massif dans la recherche-développement se fait jour. Le président de la Fdsea voit poindre avec inquiétudes des famines potentielles en de multiples points du globe, en Afrique et en Asie. « Si nous, paysans européens, ne sommes pas au rendez-vous, nous serons collectivement responsables, il faut une nécessaire prise de conscience collective ».