Le président national de Jeunes Agriculteurs, Samuel Vandaele, sera l’invité de l’assemblée générale de la Fdsea, le 25 mars. En avant-première, il nous livre sa vision de l’évolution du métier pour la future génération, une tendance déjà largement engagée.
Les résultats du recensement agricole 2020 mettent en évidence une chute drastique du nombre d’agriculteurs sur la dernière décennie. Une évolution encore plus marquée en Lorraine qu’au plan national. Comment JA envisage-t-il son rôle d’acteur pour le renouvellement des générations ?
Samuel Vandaele : Cela passe essentiellement par la promotion du métier d’agriculteur qui reste mal connu. 10 M€ ont été investis dans la campagne « les entrepreneurs du vivant » diffusée sur tous les médias classiques et les réseaux sociaux. Nous disposerons de l’analyse des résultats de cette communication en avril. Mais plus généralement, nous avons tous, nous agriculteurs, à parler à nos voisins, pour promouvoir le métier et expliquer nos gestes au quotidien. Pour renforcer l’acceptabilité, en échangeant de manière transversale, même sur les sujets sensibles, comme les zones de non-traitement, par exemple. C’est à ce prix que nous obtiendrons moins d’acharnement contre nous.
Le dispositif actuel de l’installation vous paraît-il adapté ?
Samuel Vandaele : « Le dispositif aidé de la DJA a été allégé, dans le sens d’une simplification et de la professionnalisation, avec la notion économique revalorisée. Il fonctionne. Il faut cependant aller plus loin en lui ajoutant un dispositif sur la transmission. Un accompagnement humain pour un vrai engagement de transmettre son outil : des instruments existent comme le portage du foncier, l’appel à des capitaux financiers, l’installation progressive, le parrainage, l’entrée au capital échelonnée… Le futur retraité doit être fier de transmettre, et pas seulement à ses enfants. La réflexion financière sur la transaction doit aussi pouvoir être accompagnée. Enfin, nous appelons de nos vœux des incitations par un système de bonus-malus : baisse de taxes sur les entreprises, points de retraite supplémentaires pour parrainage ou portage, exonérations fiscales.
Le profil de l’agriculteur de demain doit-il, selon vous évoluer ? Dans quels sens ?
Samuel Vandaele : « Le métier a déjà évolué, il se féminise. 33 % des installations en 2020 ont été concrétisées par des femmes. Une sacrée ouverture, avec un dynamisme différent, aussi bien sur les aspects économiques que le lien au social. Autre changement de paradigme, la montée en puissance du hors cadre familial (HCF) qui a représenté 30 % des nouveaux installés cette même année. Enfin, les personnes non issues du milieu agricole (NIMA) représentent près des deux-tiers des passages dans les points accueil installation (PAI). En parallèle, les JA s’installent plus tard, avec un bagage de formation supérieure. Ils sont souvent allés voir ailleurs, en gagnant une ouverture d’esprit importante.
Avez-vous un message particulier à passer aux agriculteurs de Meurthe-et-Moselle ?
Samuel Vandaele : «Je le résume souvent en trois mots clés. Renouveler les générations, les hommes et les femmes de l’agriculture et la ruralité et des organisations professionnelles. Protéger les paysans des aléas climatiques, sanitaires ou plus inattendus comme la guerre. Cela passe par la maîtrise des coûts et le travail en commun. Enfin innover par la technique et la robotique pour susciter des vocations. C’est comme cela que nous réussirons le renouvellement des générations, la souveraineté alimentaire et des territoires vivants ».