Dans le Pays-Haut meurthe-et-mosellan, un potentiel de captation des effluents d’élevage encore disponibles serait susceptible de venir alimenter un ou deux projets supplémentaires de « méthanisation vertueuse ».
La Chambre d’agriculture de Meurthe-et-Moselle (CDA 54) a conduit une étude sur l’état des lieux de la filière méthanisation en Meurthe-et-Moselle. Un document qui permet de recenser les gisements encore disponibles pour faire émerger de nouveaux projets. « Il ne s’agit pas de développer la méthanisation n’importe comment, assure Jérémy Jenneson, le vice-président de l’organisme consulaire. Nous défendons un modèle vertueux, bien implanté dans les territoires et respectueux des habitants du secteur ».
Le 2 décembre, une réunion s’est tenue à Tiercelet pour présenter l’appel à manifestation d’intérêt (AMI), pour lequel la Chambre s’est entourée de deux partenaires, GRDF et GRTgaz, avec le soutien de la Région Grand Est. Une vingtaine d’agriculteurs du cru étaient venus à la pêche à l’information.
64% d'effluents d'élevage
Sur les 204 unités en fonctionnement sur le Grand Est en début d’année, les trois-quarts utilisaient le système de cogénération, qui transforme le biogaz en électricité et chaleur. Le quart restant étant destiné à l’injection directe dans les réseaux de distribution de gaz, un procédé voué à se développer dans les années à venir. "On prévoit que 10,7 % de la consommation de la totalité du gaz du Grand Est soit issue du renouvelable en 2025 et 30 % en 2030", selon Pascal Rol, ingénieur d’affaires chez GRDF, pour qui la méthanisation est devenue « une technologie mâture ». Il existe donc des opportunités pour les agriculteurs.
La Meurthe-et-Moselle se classait au deuxième rang régional des équipements, derrière les Vosges, au 1er janvier dernier, avec 34 sites en fonctionnement, majoritairement en cogénération, permettant de chauffer 48.240 foyers, analyse Cosette Perez, conseillère en énergies renouvelables à la CDA 54. Deux sites avaient débuté leur construction, tandis que huit autres étaient au stade de projets et deux en phase de demande de permis ICPE. Les unités en production s’approvisionnent en moyenne avec 64 % d’effluents d’élevage, 7 % de cultures à vocation énergétique (CIVE) et 13 % de cultures à vocation alimentaire (moyenne inférieure au plafond réglementaire de 15 %).
Simulations sur trois puissances
Pour évaluer le gisement encore disponible, la Chambre a travaillé à différents scénarios, entre 20 et 40 % de mobilisation des effluents d’élevage. Des simulations économiques ont été élaborées sur la base d’une prime maximum pour 60 % d’effluents dans la ration et d’un plafond de 15 % de cultures principales, avec trois puissances possibles entre 100 et 200 Nm3/h. Il en ressort une carte du département exprimant les enjeux environnementaux liés aux éventuelles nouvelles implantations de méthanisation.
Le secteur de Meine au Saintois ressort avec un gisement relativement inexploité. Sur le Pays-Haut, le secteur de Villerupt apparaît saturé, tandis que du potentiel subsiste « pour un ou deux projets supplémentaires de développement d’une filière vertueuse sur Mont-Saint-Martin et Briey », indique Cosette Perez.
La rencontre s’est poursuivie sur le terrain, par la visite de l’unité de BLC Energy, d'une capacité de 125 Nm3/h, en injection directe. Cet outil, entré en service le 22 juin dernier, à Bréhain-la-Ville, a été mis en œuvre par quatre agriculteurs valorisant un millier d’hectares au total, sur trois exploitations. Deux d’entre-elles comportent un élevage allaitant. Un investissement de 5,1 M€ a été consenti et un contrat de rachat a été signé avec GRDF sur quinze ans.