Christine et Pascal Garnier ont composé avec les contraintes de l’exploitation pour construire un système résilient et à faible impact environnemental. Rencontre, le 16 novembre, à l’occasion des portes ouvertes des réseaux d’élevage.
« L’exploitation de Christine et Pascal Garnier peut paraître « ringarde » : les vaches ne produisent pas 10.000 l de lait par an, les génisses vêlent à trois ans et ils produisent des bœufs de trois ans. Mais Christine et Pascal se sont adaptés aux contraintes de l’exploitation », introduit Jean-Marc Zsitko, conseiller d’entreprise de la Chambre d'Agriculture de Meurthe-et-Moselle (CDA54).
Pascal s’est installé aux côtés de son frère, Didier, en 1997, au départ en retraite de ses parents. Christine, qui a été successivement conjointe collaboratrice et salariée de l’exploitation, a pris la place de Didier à son départ, en 2019. Ils ont embauché un salarié à temps plein en 2020 et leur fils Thomas est en apprentissage sur l’exploitation.
Des sols à faible potentiel
La ferme a évolué au fil des années : les surfaces et le quota ont augmenté, les bœufs ont remplacé les taurillons, la surface en maïs a été réduite, le bâtiment des vaches laitières a été agrandi, une nursery a été construite. Aujourd’hui, l’exploitation compte 250 ha (149 ha de prairies permanentes, 21 ha de maïs, 78 ha de céréales et tournesol), 62 vaches laitières à 6.300 l/an et 45 bœufs Prim’Holstein abattus à 36 mois.
« Les parcelles en plaine sont sur des terres argileuses très humides, le drainage est obligatoire pour les cultures. Le potentiel du blé y est de 65 q/ha. Sur les parcelles situées sur le plateau, à l’inverse, les sols sont très superficiels et au moindre coup de chaud, le rendement du blé chute à 30 q/ha », indique Pascal Garnier. « Avant, ils avaient beaucoup de blé sur blé. Depuis que nous avons revu la rotation, la pression en vulpins a nettement diminué », souligne Julien Basuyaux, agronome à la CDA54.
L’herbe comme base de la ration
Au niveau de la conduite du troupeau laitier, « Pascal et Christine ont adapté leurs animaux au potentiel des terres. La conduite est simple, basée sur l’herbe », explique Jean-Marc Zsitko.
En hiver, les vaches reçoivent de l’enrubannage et de l’ensilage de maïs – 50 % de chaque pour l’hiver à venir – un correcteur azoté, des céréales aplaties et des minéraux. Les vaches sortent à partir du 15 avril. Elles ont uniquement de l’herbe jusqu’au 1er août et reçoivent ensuite un peu de ration à l’auge. « Les vêlages sont regroupés du 20 août au 15 décembre, Pascal et Christine font de la monotraite du 10 juin au 20 août. Ils ont ainsi un maximum de vaches taries pendant la période d’été », analyse Jean-Marc Zsitko. Les vêlages étant groupés, les génisses et bœufs sont tous conduits de façon identique.
L’exploitation est proche de l’autonomie alimentaire, ses seuls achats sont le correcteur et les minéraux. « Les vaches ont 949 kg de concentrés/an, soit 150 g/l, le coût est de 42 euros/1.000 l », précise Jean-Marc Zsitko.
Efficacité économique et environnementale
En 2020, la marge brute de l’atelier lait était de 283 euros/1.000 l (contre 249 euros/1.000 l pour la moyenne du réseau lait 54). « Les charges opérationnelles et les dépenses de structures sont bien maîtrisées », observe Jean-Marc Zsitko.
Christine et Pascal sont bons techniquement, économiquement, mais aussi du point de vue environnemental. Maxime Duby, conseiller à la CDA 54, a réalisé un diagnostic CAP’2ER, qui permet de calculer l’empreinte carbone d’une exploitation d’élevage : elle est de 0,76 kg eq. CO2 eq. CO2/l de lait corrigé pour le Gaec de la Planture, contre 0,79 kg eq CO2 /l de lait pour la référence nationale (système plaine à 10-30% de maïs).