À l’issue de la finale Lorraine des Ovinpiades, les meilleurs jeunes bergers de Lorraine 2025 sont... deux jeunes bergères en formation à Pixérécourt : Loane Hennion (lycée) et Maya Lemoine (Cfa), toutes deux en 2e année de Bts Productions animales.
La filière ovine française se trouve à un tournant crucial. Avec de nombreux éleveurs partant à la retraite, il est essentiel de renouveler les générations pour garantir la souveraineté alimentaire et répondre à la demande croissante de produits locaux, notamment en viande ovine (44 % seulement de la viande consommée en France est produite localement). Malgré un contexte difficile marqué par la Fco et des coûts de production en hausse, les prix de vente des agneaux atteignent des niveaux record, assurant une meilleure rémunération pour les éleveurs.
Depuis vingt-cinq ans, la filière ovine travaille à rendre le métier d’éleveur de brebis attractif via des initiatives comme le programme Inn’Ovin et des concours tels que les Ovinpiades des Jeunes Bergers, favorisant la transmission et l’installation de nouveaux éleveurs. Ces efforts portent leurs fruits : depuis trois ans, chaque départ à la retraite est compensé par une nouvelle installation, avec environ 500 remplacements annuels. Cependant, des défis demeurent : le cheptel ovin est en baisse (- 6% entre 2021 et 2023), et les jeunes installés privilégient des cheptels plus réduits, souvent orientés vers des productions de qualité différenciée.
Épreuves pratiques et théoriques
Poursuivant ses efforts, la filière organise, en 2025, la 20e édition des Ovinpiades des Jeunes Bergers. Mercredi 15 janvier se déroulait la finale territoriale Lorraine, sur la ferme de Mathieu Toussaint à Foulcrey (57). L’évènement a réuni une soixantaine d’élèves, âgés de 16 à 24 ans, issus des huit établissements d’enseignement agricole du territoire : lycée agricole de Château-Salins (57), Cfa-Cfpppa de Mirecourt (88), Cfa-Cfppa de Pixérécourt (54), lycée agricole de Pixérécourt (54), lycée agricole de Mirecourt (88), Mfr de Vigneulles (55).
Pour être désignés les meilleurs jeunes bergers de Lorraine, les candidats ont dû accomplir une série d’épreuves inspirées des gestes quotidiens de l’éleveur. Après avoir testé leurs connaissances théoriques, les candidats ont réalisé différentes épreuves pratiques. Les élèves ont eu à apprécier l’état de santé d’une brebis, montrer leur habilité au parage des onglons, évaluer l’état corporel de trois brebis et l’état d’engraissement de trois agneaux, ou encore trier et isoler des brebis repérées, préalablement marquées, parmi un
lot de quinze animaux.
Parmi les épreuves pratiques, le parage des onglons. Photo DR.
Outre la technicité et la modernité de l’élevage ovin, les candidats découvrent, à travers les épreuves, son potentiel : organisation du travail, équipements, aides à l’installation, conduites d’élevage qui peuvent être spécialisées ou complémentaires à d’autres productions...
S’entraîner avant la finale à Paris
La finale Lorraine a vu la consécration de deux meilleures jeunes bergères de Lorraine : Loane Hennion en Bts Pa 2e année au lycée de Pixérécourt, arrivée première, et Maya Lemoine, en Bts Pa 2e année au Cfa Pixérécourt, classée deuxième. Maya et Loane tenteront de conquérir le titre de meilleur Jeune Berger de France, le samedi 22 février au Salon de l’Agriculture. Elles seront rejointes par les champions des territoires d’Alsace et de Champagne-Ardenne. La Région Grand Est sera donc représentée par six finalistes face à trente-six autres candidats issus de toute la France.
La production ovine n’était pas une découverte pour Loane Hennion. «J’ai réalisé un stage de neuf semaines dans une exploitation ovine», indique la jeune fille, qui avoue «j’ai révisé toute la théorie pour le concours». Sa première place est une belle satisfaction pour
Loane, d’autant qu’«il y avait du niveau en face». Elle a désormais hâte de se confronter aux autres candidats à l’occasion de la finale nationale. «J’essaie de planifier des sessions d’entraînement sur la troupe ovine de Pixérécourt». Si Loane ressent un peu de stress, «j’essaie de ne pas me mettre trop la pression, je veux y aller avant tout pour m’amuser». Après le Bts, Loane souhaite poursuivre ses études, elle passe actuellement les concours pour entrer en école vétérinaire, avec comme objectif, «de faire de la rurale».
Maya Lemoine, à l’inverse de Loane, a peu de pratique en élevage ovin. «Je suis en apprentissage sur une ferme laitière». Alors cette deuxième place aux Ovinpiades, elle ne s’y attendait pas. Elle n’était toutefois pas complétement novice. «Nous avons eu l’occasion de faire des travaux pratiques sur la troupe ovine de Pixérécourt. Notre prof de conduite ovine nous a initiés et entraîné aux épreuves». Non issue du milieu agricole, Maya souhaiterait tout de même, à long terme, s’installer avec son compagnon. «Lui est plutôt axé céréales, conduite ovine et gestion de l’exploitation et moi, ce sont les équins qui me passionnent». À la finale à Paris, Maya, y va «pour passer un bon moment, découvrir l’évènement. L’occasion ne se présentera pas deux fois».