
La présidente du Conseil départemental a livré un message très politique, à l’occasion des vœux aux partenaires. Prônant une assemblée constituante pour dépasser le blocage institutionnel actuel, Chaynesse Khirouni réfute la perspective d’une « nouvelle saillie » à mi-mandat. Tout en braquant le projecteur sur réalisations et projets.
La classe orchestre du collège Simone de Beauvoir de Vandoeuvre a interprété plusieurs morceaux de son répertoire, en introduction à la cérémonie des vœux du Conseil départemental (CD), le 13 janvier, à Nancy. Une séquence culturelle voulue par la présidente, sans doute pour apaiser un contexte politique, économique et social, plutôt tendu en ce début de millésime 2025. Chaynesse Khirouni s’est voulue très politique dès l’introduction de son allocution.
La honte peut changer de camp
« Face aux incertitudes, je préfère retenir l’espoir, c’est le moment de faire collectif et de resserrer les liens qui nous unissent ». Elle enchaîne les références à l’actualité de l’année 2024. « C’est Gisèle Pelicot qui force l’admiration, elle montre que la honte peut changer de camp et elle est devenue la voix de toutes les femmes victimes, en référence à celle qui a renoncé à l’anonymat au procès des auteurs des viols collectifs qu’elle a subis. La catastrophe récente à Mayotte, pour laquelle la Meurthe-et-Moselle a déployé une aide d’urgence, appelle à « une reconstruction dans la dignité ». Chaynesse Khirouni se félicite de la France « qui fait nation », comme ce fut le cas deux fois l’an passé, à l’occasion des Jeux Olympiques et de l’inauguration de Notre Dame de Paris restaurée.
La conjoncture internationale interpelle aussi l’élue qui réaffirme sa solidarité avec l’Ukraine « qui paie le prix du sang pour défendre nos libertés ». La fin appréciée de l’oppression du peuple syrien ne doit pas occulter la vigilance à observer sur le nouveau régime d’inspiration islamiste qui se met en place dans ce pays. Chaynesse Khirouni n’oublie pas les « violences de tous les jours » au Proche-Orient et les centaines de millions d’enfants répertoriés par l’UNICEF dans des zones de conflit, à la surface du globe.
Appel à une assemblée constituante
Face aux péripéties politiques franco-françaises, faisant peser de lourdes menaces budgétaires sur les collectivités territoriales, Chaynesse Khirouny s’est inscrite dans la mobilisation en faveur du maintien du service public de proximité. « Ce n’est pas courant de voir la fédération du bâtiment et Flore 54 se mobiliser de concert » ironise la patronne de l’exécutif départemental. Les départements prennent leur part des efforts d’économie, mais refusent la dégradation du service public. Le ton monte d’un cran à travers un appel « à la rénovation de nos institutions ; par la convocation d’une assemblée constituante, pour une République qui écoute, fait confiance à ses territoires et pratique une juste répartition des richesses ».
L’oratrice en vient à son bilan « à mi-mandat » et « à la menace d’une nouvelle saillie ». Elle promeut l’engagement de trois nouveaux territoires « zéro non-retour ». Chaynesse Khirouny défend contre vents et marées l’expérimentation du revenu d’émancipation jeune, qui ne fait pas toujours l’unanimité « un choix politique. Une cinquantaine de jeunes se sont tournés vers nous, avec des projets de vie, passionnés, mais aussi confrontés à des difficultés de mobilité. Nous sommes bien loin des clichés sur notre jeunesse. L’évaluation viendra ». Autre engagement répété, les plus de 200 millions d’euros déjà investis dans les collèges de nouvelle génération « pour renforcer l’attractivité des établissements ».
Solidaire, audacieuse et citoyenne
Chaynesse Khirouni évoque les 360 projets locaux « accompagnés par notre ingénierie » en 2024 dans les domaines de la transition écologique, des mobilités, du développement sportif et de la réhabilitation des centres bourgs. Trois exemples illustrent la présence du CD dans les territoires : la nouvelle maison des solidarités de Tomblaine ; le nouveau centre d’exploitation de Vandeléville et le programme d’animations au château de Lunéville.
Pour 2025, un nouvel appel à projet est évoqué, en faveur des enfants doublement vulnérables sur les plans psychologique et social. La Maison Sadoul ouvrira à Laxou en 2025, pour accueillir des mineurs isolés. Un investissement de 7 M€. Les premiers panneaux photovoltaïques feront leur apparition sur la toiture de Sédillot, siège du Département. Et la Cité des paysages de Sion « réouvrira, rénovation repensée, avec un rayonnement régional escompté, pour sensibiliser à la biodiversité ».
Chaynesse Khirouni en appelle à « une Meurthe-et-Moselle solidaire, audacieuse et citoyenne, avec des partenaires nombreux pour faire service public ensemble ». Elle partage ses inquiétudes pour « les acteurs culturels, les agricultrices et les agriculteurs » en proie à des difficultés. Elle conclut sur une note résolument optimiste inspirée de Riss, dessinateur blessé, mais rescapé du drame de Charlie Hebdo en janvier 2015 « si on a envie de rire, on a envie de vivre ! ».