Les douze élèves en 2e année de Bts Productions animales de Pixérécourt ont choisi les Pays-Bas comme destination de leur voyage d’études. Rencontre avec Luka Smits et Loane Hennion, à la manoeuvre pour l’organisation de cette semaine de découvertes.
Ils auraient dû se rendre en Roumanie mais le projet n’a pas abouti. Les douze élèves en 2e année de Bts Productions animales de Pixérécourt se sont finalement rendus aux Pays-Bas, début octobre.
La destination est partie d’une phrase "lancée en l’air" par Luka Smits, au printemps dernier. Ses parents sont éleveurs laitiers dans la Meuse, mais surtout sont Hollandais d’origine. «J’ai encore beaucoup de famille aux Pays-Bas», souligne Luka, qui est bilingue hollandais et anglais. À l’unanimité, tous les élèves votent pour ce changement de destination. La décision est prise le 20 mai. Luka prend les choses en main et effectue des recherches sur internet, Facebook, les réseaux sociaux. «Heureusement que mes parents étaient là pour appeler », sourit le jeune homme.
Le programme s’organise plutôt rapidement. «Beaucoup de personnes ont répondu positivement assez vite». «Nous avions une contrainte, poursuit Loane Hennion, en charge des finances du voyage. Nous n’avions pas d’apport financier pour les visites». Sur la semaine, les étudiants réaliseront tout de même deux visites payantes, «d’un commun accord avec l’ensemble du groupe». La semaine n’aura coûté que quatre-vingt euros "de leur poche" à chaque élève. Le voyage a été financé en partie par les bénéfices de la vente de sandwichs et boissons lors de la transhumance 2024. «C’est la première année que notre association réalisait des bénéfices à l’occasion de la transhumance». Pour compléter, le 6 octobre dernier, le groupe a vendu des crêpes et organisé une tombola lors de la Fête des pains à Malzéville.
Chamelles et bufflones
Le lundi 7 octobre, les douze élèves, accompagnés de deux enseignantes, Anne Calame et Aline Turban, ont pris "leurs clics et leurs clacs" direction les Pays-Bas. Sur la route, ils effectuent une première halte en Belgique, «chez un éleveur de Bleu Blanc Belge que
nous connaissions d’un précédent stage. C’est un immense passionné, il a tout de suite accepté de nous recevoir quand nous l’avons sollicité, explique Loane. Avant de s’installer il était ingénieur, il a un regard pointu sur la nutrition des animaux».
Le mardi, les élèves avaient sélectionné deux élevages insolites. Le premier est un élevage de chamelles. «L’éleveur vend le litre de lait douze euros. Il fabrique aussi des savons et des cosmétiques avec le lait», indique Luka. Les élèves ont pu goûter le lait, «qui a un goût particulier, un peu de renfermé », n’a pas apprécié Loane. Deuxième élevage insolite, celui de bufflonnes. «L’éleveur est passionné. Il vend la viande en direct et il fabrique de la mozzarella». Mais voilà, les bufflones sont particulièrement difficiles à traire. «Au moindre stress, elles ne fournissent plus de lait». Des robots adaptés à la traite bufflones existent, mais uniquement en Italie, pays de la mozzarella. «L’éleveur a hébergé, à ses frais, pendant une semaine, un ingénieur Delaval d’Italie pour qu’il lui adapte un robot de traite pour ses bufflones », expliquent les deux élèves.
Le groupe a découvert un élevage, insolite, de Bufflones et la production de mozzarella. Photo DR.
Le jour suivant, les élèves se sont un peu éloignés de leur sujet de prédilection, les productions animales, pour aller, à la première heure, à la découverte d’un marché aux fleurs, avant de suivre la visite d’une ferme laitière.
À la pointe de l’innovation
La journée s’est poursuivie au siège de l’entreprise Lely à Maassluis, «qui regroupe le centre de recherche et développement et la chaîne de production pour l’Europe». Les étudiants ont aussi pu découvrir la ferme expérimentale attenante, dans laquelle sont testés «tous les produits commercialisables ». L’occasion pour les élèves et leurs professeurs d’échanger sur les problématiques de foncier. «Les Pays-Bas sont un petit pays, le foncier y est très cher, entre 75 et 120.000 euros par hectare. Les fermes sont de petite taille et entourées de villes. Les Pays- Bas ont adopté une politique de protection des terres».
Une ferme laitière "classique aux Pays-Bas mais pas en France". Photo DR.
Le jeudi, le groupe a continué sa découverte du pays par la visite de deux exploitations laitières «classiques pour les Pays-Bas, mais pas pour la France. Les éleveurs hollandais sont très branchés innovations et technologies». Les étudiants ont fait une curieuse découverte à cette occasion : «l’un des éleveurs utilise de la pulpe d’oranges dans la ration de ses vaches laitières».
Le vendredi, sur le chemin du retour, le groupe s’est arrêté une nouvelle fois en Belgique, au centre d’insémination des Bleu Blanc Belge. «C’est un ancien vétérinaire qui nous a accueilli, les explications étaient très intéressantes». En bonus, les élèves ont pu observer
des matrices de vaches que le centre avait récupérées à l’abattoir.
Les élèves gardent un excellent souvenir de leur semaine. «Chaque soir, nous débriefions les visites tous ensemble, nous parlions systèmes. C’était très enrichissant », apprécie Loane. «Nous sommes une petite promo, nous avons la chance de tous bien nous entendre», complète Luka. Loane ne manque pas de souligner le rôle primordial de Luka dans la réussite du voyage. Outre l’organisation, le jeune homme a assuré, tout au long de la semaine, le rôle de traducteur au cours des visites.