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Aider le milieu agricole à mieux communiquer

«Je ne cherche pas à défendre le monde agricole mais à le promouvoir», affirme Mathilde Florentin. Photo : DR
«Je ne cherche pas à défendre le monde agricole mais à le promouvoir», affirme Mathilde Florentin. Photo : DR

Après un Bts agricole et une licence en commerce, Mathilde Florentin a créé son entreprise de communication, Jeune Pousse marketing. Passionnée par le secteur agricole, elle veut aider les producteurs à mieux communiquer auprès du grand public

Tout est parti d’une vidéo réalisée pour son projet Pic (Initiative Communication). Mathilde Florentin est fille d’agriculteurs du Saintois. Passionnée par le secteur, elle suit un Bts Acse (Analyse, Conduite et Stratégie de l’Entreprise Agricole) au Cfa de Pixerécourt. «C’était en 2018-2019, à une période où il y avait beaucoup d'agribashing. Avec mon groupe, nous avons créé une page Facebook «Agriculteurs pas si vache» et nous avons réalisé une vidéo pour sensibiliser le public au milieu agricole», confie Mathilde. La vidéo en question a atteint les 100.000 vues. «Je me suis dis que nous avions là un outil de communication formidable».

Son Bts en poche, elle poursuit par une licence de commerce à l’is4a. Elle est apprentie pendant deux ans chez Est Ali Bio où elle participe au projet de création d’une marque d’aliment pour poules pondeuses. Elle accomplit là ses premiers pas en marketing. Et elle ressent un déclic. «Je me suis rendue compte que les producteurs en vente directe avaient de très bons produits mais ne communiquaient pas dessus». Elle part vivre une expérience en Finlande chez un éleveur ovin qui fabrique de la charcuterie de mouton, «par envie de découvrir un autre pays et une agriculture différente. J’ai aidé l’agriculteur à publier du contenu sur Facebook». Fin 2022, l’idée de créer sa propre entreprise de communication à destination du milieu agricole commence à germer.

Une gamme complète de services

Son entreprise, qu’elle a baptisée "Jeune Pousse marketing", naît finalement en janvier 2023. Elle propose une gamme complète de services  : création de sites internet, de vidéos, conseil et gestion des réseaux sociaux, création de supports de communications (flyers, panneaux de ferme…), mais aussi formations. Elle s’adresse aux producteurs, mais aussi aux entreprises qui gravitent autour du milieu agricole. «Je ne cherche pas à défendre le milieu agricole mais à le promouvoir, insiste la jeune fille. Je veux montrer la réalité du métier».

En novembre dernier, Mathilde a animé une formation à la Chambre d’agriculture de Meurthe-et-Moselle. Objectif  : aider les producteurs en vente directe à surmonter les préjugés qui subsistent sur le milieu agricole. «Les participants ont insisté sur le besoin crucial d’informer le public sur leurs pratiques agricoles». La formation a abordé l’importance de créer une identité forte et de bien comprendre son système de vente. Un temps a aussi été consacré à la communication concrète sur les supports physiques mais aussi digitaux. «J’essaie d’apporter un regard bienveillant, de leur faire comprendre que personne n’est nul en communication, mais qu’on ne communique pas tous pareil». Neuf producteurs ont bénéficié des conseils de Mathilde lors de cette journée. La jeune fille leur a prodigué également quelques recommandations individuelles à la suite de la rencontre.

De nouvelles sessions de formation devraient être programmées avec la Chambre d’agriculture en 2024. «La formation est un volet de mon activité que j’aimerais particulièrement développer. Il y a un retour humain direct», confie la jeune fille.

Soigner sa communication

Mathilde soigne elle-même sa communication. Elle poste régulièrement des contenus sur Linkedin, Instagram et Facebook. «Ça m’a apporté des clients, des partenaires et des prospects. Je suis à temps plein sur mon entreprise depuis février 2023. Je ne pensais pas que mon activité prendrait autant d’ampleur aussi vite, en arrivant à me rémunérer. J’ai concrétisé plus de vingt clients en un an, j’ai construit plusieurs sites et j’ai plusieurs projets en cours». Si son activité s’est aussi rapidement développée, c’est parce que Mathilde y consacre du temps, «plus de 35h», et surtout y met beaucoup de passion. «J’ai trouvé mon équilibre. Je planifie les tâches au maximum à l’avance».

À l’avenir, Mathilde espère pouvoir «se consacrer à la stratégie marketing et déléguer l’opérationnel». A plus long terme, elle projette de s’installer elle-même en agriculture. «Peut-être, un jour, je l’espère». En attendant, elle garde toujours «une botte dans une ferme». Elle travaille ponctuellement comme salariée dans une ferme d’élevage