Depuis cinq ans, l’Inrae de Mirecourt teste l’élevage de ses génisses sous vache nourrices. Une façon de maintenir de bonnes croissances, sans concentrés, et d’espérer des vêlages précoces, à deux ans. Les premiers enseignements ont été dévoilés à l'occasion de la journée de restitution des résultats technico-économiques du réseau Ecobio lait.
« Depuis 2016, nous essayons de valoriser le plus possible les ressources dont nous disposons vers des débouchés en alimentation humaine. Ainsi, toutes nos cultures annuelles y sont destinées. Les issus de tri servent à nourrir environ trente porcs plein air par an, que nous commercialisons via un boucher de Vittel. Il peut les prendre au fil de l’eau, lorsqu’ils sont prêts, indique Thomas Puech, ingénieur de recherche à l’Inrae de Mirecourt. Le troupeau laitier ne reçoit plus de concentrés, et est nourri 100 % à l’herbe, en maximisant la part de pâturage, tout comme la troupe de 120 brebis allaitantes, en plein air intégral. Nous avons d’ailleurs investi dans une salle de traite déplaçable, pour gagner des surfaces de pâturage. Toutefois, nous ne la déplaçons que pour une période d’au minimum trois semaines. Nous pratiquons aussi le croisement depuis 2017, pour obtenir des vaches précoces et de petit gabarit ». Cette recherche de précocité, pour limiter le nombre d’animaux improductifs, et libérer des surfaces ainsi que du temps pour d’autres productions, ne passe pas que par la sélection.
De bonnes croissances
C’est aussi l’intérêt recherché par l’élevage des génisses par des vaches nourrices. En effet, cette pratique pourrait permettre des vêlages à deux ans, même dans un système sans concentrés. Cela fait cinq ans que la technique est testée, et les premiers résultats sont prometteurs. « Les croissances des élèves sont bonnes, et nous notons également moins de problèmes sanitaires. Nous avons aussi gagné du temps par rapport à la distribution du lait aux veaux. En revanche, comme elles sont élevées au pâturage, il faut être vigilant à maintenir la relation homme-animal, en allant voir les animaux presque quotidiennement, afin de ne pas se retrouver avec des chevreuils en fin de saison, alerte Laurent Brunet, ingénieur d’études à l’Inrae de Mirecourt. Il est aussi important de soigner le moment de l’adoption ».
Des nourrices douces et calmes
Les nourrices sont choisies en fonction de plusieurs critères. Il y a toutefois un prérequis : une vache douce et calme. « Souvent, ce sont des vaches ayant un problème de motricité, ou des vaches à cellules, on va alors valoriser le lait d’une autre façon. Cela peut aussi être des vaches qui ont du mal à rester cyclées dans notre système de vêlage groupés au printemps. Après leur saison en tant que nourrice, certaines vaches réintègrent le troupeau, d’autres sont finies au pâturage », détaille Laurent Brunet. A leur naissance, les veaux restent un à deux jours avec leur mère biologique. Ensuite, ils sont placés en case collective, avec milk bar « sur lequel les tétines sont un peu dures » jusqu’à l’adoption. Cette période varie selon le nombres de veaux présents et de nourrices disponibles, mais elle est en moyenne d’une semaine. En effet, « si les veaux sont trop petits lors de l’adoption, et que la vache ne se laisse pas faire, il y a un risque que le veau n’ose plus essayer d’aller téter. Alors qu’après une semaine, ils sont plus robustes, ils ne se découragent pas », explique Laurent Brunet.
La nourrice et ses trois veaux restent deux à trois semaines dans un box individuel, puis elles peuvent être regroupées avec d’autres. Lorsque les veaux ont environ un mois, vient la mise à l’herbe. Veaux et vaches nourrices passent de la première quinzaine d’avril à la dernière de novembre au pâturage.