Le robot de traite fait des émules depuis quelques années. Diminution des mouvements répétitifs, souplesse de travail : c’est vrai qu’il a des avantages. Mais l’outil a également des inconvénients, et notamment la charge mentale liées aux alarmes. Alors, avant de sauter le pas, il est important de bien se poser toutes les questions.
Le 2 décembre, l’Aract Grand-Est, la MSA et la CAAA organisaient une étape de l’Agrotour au Gaec de l’Alliance, à Evendorff (57). Le thème de la journée : la robotisation participe-t-elle à la qualité de vie au travail ? La réponse n’est pas si simple, et pourrait être donnée par un normand : p’tet bin qu’oui, p’tet bin qu’non. « Le robot de traite apporte son lot d’avantage et d’inconvénients, explique Aline Dronne, chargée de mission pour l’Aract Grand-Est. Du côté des avantages, les éleveurs citent souvent la diminution des contraintes physiques et la souplesse d’organisation puisqu’ils n’y a plus la contrainte de la traite deux fois par jour. De l’autre côté, celui des inconvénients, le robot de traite peut entrainer un stress important, pour la gestion des alarmes, ou les vaches en retard. Cela déplace des contraintes physiques, vers des contraintes mentales. Il faudra définir son niveau d’exigence, savoir à quelles alarmes on répond, et lesquelles on laisse passer. ».
D’autres écueils ont également été relevés, comme le nombre important de données disponibles grâce aux robots, dont le traitement peut s’avérer chronophage, si l’éleveur ne sait pas comment les organiser. « Passer au robot de traite, c’est un vrai changement de compétences, cela peut s’avérer compliqué, indique David Rivat, conseiller prévention pour la CAAA. Un jour, une personne m’a confié : j’ai l’impression de ne plus servir à rien maintenant que je ne fais plus la traite. »
Un outil à coupler avec une bonne organisation
Alors, l’intérêt du robot dépendra vraiment de l’exploitation, des éleveurs, mais surtout de leurs besoins, et de leur organisation. « Le robot, c’est un outil, il faut organiser tout ce qui va autour », estime d’ailleurs Thibaut Cordel, un des six associés du Gaec de l’Alliance, dont l’installation du robot remonte à 2013. Et, comme chaque exploitation est différente, l’organisation qui va avec pourra l’être également. Au Gaec de l’Alliance par exemple, seule la moitié des 230 vaches, celles en début de lactation, est traite au robot. Les vaches en fin de lactation passent en salle de traite. Plusieurs raisons : un coût moins élevé que d’installer assez de robot pour toutes les vaches, mais également une façon de garder un quai de traite, pour les soins et le tarissement.
« En plus de limiter les mouvements répétitifs, le robot apporte une souplesse dans notre organisation quotidienne. Je pense que le robot peut redonner une attractivité au métier, et ce aussi grâce aux données qu’il fournit », estime Thibaut Cordel. L’organisation du travail au Gaec de l’Alliance n’est pas prise à la légère : chacun, associé comme salarié, a un poste et des responsabilités définis, « cela permet aussi de valoriser les salariés », estime l’éleveur.
Un guide pour accompagner les projets
Pour accompagner les éleveurs dans leur projet de robotisation, la MSA, l’Aract et la CAAA ont conçu un guide. Il se nomme « guide d’accompagnement pour intégrer une outil numérique au service de mon exploitation ». L’objectif : se poser toutes les questions en amont du projet, et « le penser dans toutes ses dimensions, et pas uniquement technique et financière », précise David Rivat. Le guide est structuré en cinq étapes, qui sont aussi les cinq étapes du projet : réfléchir à la stratégie et au projet de l’exploitation, à ses besoins, rédiger un cahier des charges, concevoir plus en détails son projet, à partir des premiers retours des fournisseurs, installer la nouvelle technologie et enfin, dresser le bilan une fois l’installation réalisée.