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RedyBlack, coconstruire une race, une filière

Tous les maillons de la filière ont échangé sur les perspectives de la race RedyBlack, le 16 septembre, à Haroué. Photo : A.Legendre
Tous les maillons de la filière ont échangé sur les perspectives de la race RedyBlack, le 16 septembre, à Haroué. Photo : A.Legendre

La race RedyBlack continue sa route. S’il reste encore du chemin à parcourir, notamment du point de vue de la commercialisation, qui commence seulement, la dynamique est bien présente.

La race RedyBlack intéresse : une soixantaine de participants se sont en effet réunis le vendredi 16 septembre à l’Alpa d’Haroué pour le colloque de clôture du PEI (partenariat européen pour l'innovation) éponyme. Il faut dire que ce n’est pas tous les jours qu’éleveurs, abatteurs, acheteurs et bouchers ont l’occasion de façonner une nouvelle race.

D’ailleurs, plus qu’une race, ce que les porteurs du PEI cherchent à créer, c’est une filière, qui devra répondre à des enjeux différents. Pour l’amont : produire de la viande de qualité, bien rémunérée, de manière économe, en valorisant l’herbe et les fourrages grossiers, grâce à des animaux agréables à élever. Pour l’aval : travailler des carcasses de plus petits gabarits, dont les morceaux répondent aux attentes des consommateurs, tout en proposant une viande persillée, gage de goût savoureux.

Objectif 5.000 vaches en 2030

Reconnue officiellement en décembre 2020, la race RedyBlack dispose d’une période de création raciale de dix ans, afin d’assurer une diversité à la race. L’objectif à l’horizon 2030 : atteindre un noyau de 5.000 vaches. Aujourd’hui, la race compte 295 femelles réparties sur 41 élevages en France, dont 192 ont plus de deux ans.

Si la dynamique est bien présente, il reste encore beaucoup à faire, notamment sur la conduite des animaux. Pour l’instant, dans la plupart des troupeaux, les rouges et noirs sont conduits de la même façon que leurs homologues d’autres races, alors qu’ils n’ont pas les mêmes besoins, et réagissent différemment. La race possède une capacité d’ingestion importante, et graisse vite. Il faut éviter les rations trop riches et limiter les concentrés le plus possible. Certains préconisent même de ne pas en donner. 

« Elles sont tout le temps finies »

Des animaux qui valorise bien un fourrage grossier et moyen : une opportunité dans un contexte de changement climatique, où les sécheresses se multiplient. Pour la finition, les participants parlent d’un mois, voire moins. Un éleveur estime même qu’elles « sont tout le temps finies ». Pour ce même éleveur, « le gras intermusculaire, le persillé qu’on recherche, se fait tout au long de la vie, tranquillement ».

Ce persillé, c’est aussi le critère qui intéresse les bouchers. Ceux qui ont eu l’occasion de travailler de la RedyBlack sont formels : ce sont des bêtes bien conformés, le persillé est présent, la viande se prête à une maturation de vingt-et-un jour minimum et la taille des morceaux correspond aux besoins des consommateurs, ont-ils remonté à l’APAL’ lors d’une enquête. Ils voient dans la race rouge et noire une viande de qualité, à valoriser en rayon boucherie traditionnelle, lors des moments festifs. 

Des opportunités en croisement laitier

Outre le marché de la viande haut de gamme, festive, la RedyBlack pourrait avoir un autre intérêt, celui de valoriser les veaux laitiers. D’ailleurs, ce croisement intéresse fortement l’aval : « Nous souhaitons proposer de la bonne viande, persillée, à nos clients, mais aussi qu’elle reste abordable, explique Justine Laplace, acheteuse boucherie pour Prosol, et les magasins Fresh. Il faut également que les morceaux ne soient pas trop gros, pour que le prix de la barquette reste correct, car c’est ce que regardent les consommateurs. Nous ne communiquons pas sur une race, mais nous cherchons de la qualité. Ainsi, les animaux croisés nous conviennent bien ».

La filière est en marche, les nombreux échanges entre les différents maillons le prouvent. Ils vont continuer ensemble de construire ce projet de race, de filière. « Notre job, ce n’est pas d’opposer les races, mais de produire ce que les gens veulent manger. Nous écrivons l’avenir, de la fourchette à la fourche », conclut Stéphane Peultier, président de l’Apal’.