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Projet européen SuperG, l’herbe face au changement climatique

Les participants ont pu découvrir la chicorée, semée au printemps 2022. Photo : H.Flamant
Les participants ont pu découvrir la chicorée, semée au printemps 2022. Photo : H.Flamant

Jeudi 11 mai se tenait la journée de clôture du projet européen SuperG qui, depuis cinq ans, mène des essais et des suivis chez des éleveurs volontaires. Une soixantaine de participants est venue découvrir les résultats.

C’est sur l’exploitation de Valentin Maire, éleveur allaitant à Chenicourt (54), que les conseillers des chambres d’agriculture de Lorraine avaient donné rendez-vous aux éleveurs pour la restitution des résultats du projet européen SuperG, dédié à la gestion des prairies permanentes. « L’approche se voulait participative, le choix des thématiques a été réalisé en concertation avec les éleveurs », a rappelé Damien Godfroy, conseiller agronomie à la CDA 88.

Le projet a débuté en 2018, première été d’une série de sécheresses. Alors, comment adapter les prairies permanentes au changement climatique ? Pour répondre à cette question, quatre thématiques ont été retenues en Lorraine : l’introduction de nouvelles espèces, le pâturage tournant dynamique, le stock d’herbe sur pied et l’agroforesterie.

Plantain et chicorée à l’essai

Concernant l’implantation de nouvelles espèces, le choix s’est porté sur le plantain, qui, grâce à son pivot, supporte mieux les sécheresses que les graminées. « Un sursemis a été réalisé à l’automne 2019 dans des prairies permanentes dégradées en sols superficiels et caillouteux, à une dosée élevée : 5 kg/ha, sachant que la recommandation est de 1,5 kg/ha. Les levées ont été satisfaisantes mais le nombre de pieds s’est progressivement réduit pour devenir quasiment nul dès l’été 2021, explique Céline Zanetti, conseillère bovins viande à la CDA57. C’est dans les parcelles de Valentin que les plantains ont le mieux résisté. Mais, dans la parcelle témoin, on voit la présence naturelle de plantain ». Les essais ne seront pas reconduits.

Valentin Maire a également testé la chicorée. Il a semé une parcelle de 30 ares au printemps 2022. Il a fait pâturer deux taureaux en septembre, durant 1,5 mois. « La chicorée est une plante riche en eau, elle résiste effectivement bien au sec. Les feuilles étaient un peu flétries durant l’été mais elles sont reparties dès la première pluie ». Lui n’a pas eu de problème, mais il alerte contre le risque d’entérotoxémie. Certains agriculteurs mettent en garde : il peut être difficile de se débarrasser de la chicorée. « À Pixérécourt ils n’arrivent pas à en venir à bout », appuie Amélie Boulanger, conseillère agroenvironnement à la CDA54. Valentin Maire a laissé la chicorée et va prochainement la récolter, « pour la faire en enrubanné ». « Attention, c’est une plante riche en eau qui ne se conserve pas bien », pointe Amélie Boulanger.

L’accès à l’eau, point clé du pâturage tournant

Deuxième sujet d’étude : le pâturage tournant dynamique. Une pratique qui montre plusieurs intérêts, listés par Fanny Mesot, responsable marché productions animales à la CDA 55 : baisse de la fertilisation, amélioration des performances animales, meilleure gestion de l’herbe, et gain de temps de pâturage. « Les éleveurs gagnent entre dix et quinze jours de pâturage en début d’été ».  Fanny Mesot met aussi en garde : « la technique nécessite de bien s’adapter à la pousse de l’herbe, d’alterner fauche et pâture, d’adapter le temps de repos à la pousse de la saison, et d’éviter le surpâturage ».

Retrouvez le reportage complet et d'autres témoignages dans notre dossier "Herbe" paru le 26 mai.