Face à la pression sociétale et pour répondre au bien-être des chevaux, la filière équine s’intéresse à de nouveaux modes d’hébergement favorisant les interactions sociales.
S le bien-être des chevaux est une préoccupation de longue date, les réflexions s’accélèrent depuis quelques années, qui ont notamment abouti à la signature, en 2016, de la charte pour le bien-être équin. Elle reprend les cinq libertés fondamentales (absence de faim, de soif, de stress, de douleur, confort physique, et liberté d’expression d’un comportement normal de son espèce) et s’articule autour de huit mesures : établir une bonne relation homme – cheval, garantir une alimentation adaptée, offrir un lieu de vie adéquat, favoriser une activité physique et exploratoire, faciliter les contacts sociaux, veiller à la bonne santé du cheval, prévenir la douleur et assurer une fin de vie décente.
Ces mesures amènent progressivement les acteurs de la filière équine à repenser les modes d’hébergement des chevaux, «pour qu’ils retrouvent, en bâtiment, les comportements et les interactions sociales qu’ils expriment en conditions naturelles», explique Anna Flamand, doctorante en éthologie au laboratoire de psychologie sociale et cognitive, au Cnrs, sous la direction d’Odile Petit, et chez Horse Stop. Car, encore aujourd’hui, en France, les chevaux sont majoritairement hébergés en box individuels.
Écurie active
Parmi les nouveaux modes d’hébergement, commencent à se développer les écuries actives, qui lient les besoins du cheval et ceux de l’humain. «Ce sont des hébergements où l’espace est structuré pour favoriser la vie collective et offrir plus de liberté de mouvement que des box individuels», explique Anna Flamand. La pénibilité est aussi réduite pour l’homme. «Les aires sont stabilisées, ce qui permet un curage mécanisé». Les écuries actives privilégient aussi l’automatisation. «Les chevaux sont munis d’un collier équipé d’un transpondeur qui leur donne accès, individuellement, à la quantité de fourrage et de concentrés adaptée». Les premières écuries actives ont vu le jour dans des pensions de chevaux. La prise en compte grandissante du bien-être animal amène, aujourd’hui, les centres équestres et les écuries de sport à effectuer cette transition.
Dans le même état d’esprit, on trouve aussi les paddocks Paradise. «Il s’agit d’un parcours avec différentes aires (affouragement, repos, roulade…) reliées par des grands couloirs, qui favorisent le mouvement des chevaux». Différents matériaux sont utilisés pour imiter le milieu naturel : zones de roches, zones plus molles…
Box social
Dans les situations où il n’est pas possible d’héberger les chevaux en groupe car l’environnement ne s’y prête pas, ou pour une question de coût, le concept de box social peut être une alternative : la paroi mitoyenne entre deux box est remplacée par une ouverture avec des barreaux verticaux rembourrés dont l’espacement a été pensé pour permettre au cheval d’interagir en passant la tête et l’encolure.
Le concept a été testé au haras de Rosières-aux-Salines (54), «sur des chevaux au débourrage, pendant un mois». Le comportement de six chevaux sans contact a été comparé à celui de six chevaux avec contacts sociaux. «Les chevaux étaient en contact seulement 2h par jour, et déjà là, nous avons eu des résultats positifs avec moins de comportements anormaux au box. Et au travail, les chevaux sont plus détendus».
«Le monde équestre est très ancré dans les traditions, mais la pression sociétale en faveur du bien-être animal fait évoluer les hébergements dans le bon sens», conclut Anna Flamand.