La part de veaux laitiers mâles exportés a plus que doublé en moins de dix ans. De plus en plus de veaux partent en Espagne aux alentours de trois semaines, où ils sont engraissés dans des ateliers spécialisés, en Catalogne.
Les veaux laitiers mâles sont mal valorisés. Les prix sont fluctuants et bas, malgré le développement du croisement viande sur femelles laitières (23% des naissances en 2021 contre 14% en 2014), qui peut apporter un complément de prix. « Avec la spécialisation des fermes laitières, le destin des veaux mâles se joue essentiellement en dehors de leurs fermes de naissance, et de plus en plus, à l’export », explique Baptiste Buczinski, ingénieur au département économie de l’Idele, lors de la journée Grand Angle Viande, le 18 janvier.
En effet, le pourcentage de veaux laitiers mâles exportés a explosé, passant de 8% en 2014 à 18 % en 2020. Cela s’explique notamment par le recul des ateliers d’engraissement de bœufs, de 8% à 6% et de gros bovins, de 17 à 14%. De plus, même si la filière veaux de boucherie reste le débouché majoritaire, et absorbe 61% des veaux laitiers mâles, elle a également subi un recul de 4% en six ans, selon les chiffres annoncés par l’Idele.
Alors, où vont ces veaux exportés ? Deux pays se partagent les deux tiers des exports : les Pays-Bas pour 49 % et l’Espagne, pour 29%. Toutefois, si cette dernière reste la deuxième destination des veaux français, elle est celle qui connait le plus fort dynamisme. Les exportations de veaux laitiers français vers l’Espagne ont triplé depuis 2012, pour atteindre 350 000 veaux en 2021. « Ce chiffre était encore en progression en 2022 », précise Baptiste Buczinski.
La race montbéliarde plébiscitée
L’Espagne mise sur la production de viande bovine. Et si elle s’appuie en partie sur son cheptel allaitant, le deuxième de l’UE-27, elle développe aussi l’engraissement des veaux laitiers. « Ils apprécient particulièrement les montbéliards », a expliqué Ilona Blanquet, ingénieure au service économie des filières de l’Idele.
Ces ateliers sont essentiellement situés en Catalogne, et sont intégrés dans des filières, structurées par des coopératives. « Il existe trois grands types d’exploitations. Des sevreurs, chez qui les veaux arrivent à environ trois semaines et 60 kg et dont ils ressortiront à 110 jours. Puis des engraisseurs spécialisés prendront le relai. Parfois, les sevreurs peuvent aussi être engraisseurs », explique Ilona Blanquet. Parmi les engraisseurs, l’ingénieure distingue des exploitations diversifiées, avec un atelier d’engraissement de 200 à 400 GB/an, 40 à 80 hectares de céréales et des vergers, du maraichage ou de la volaille, mais aussi des exploitations plus spécialisées, avec 80 hectares de céréales et engraissement de 1000 à 5000 GB/an.
« Ces ateliers d’engraissement demandent très peu de main d’œuvre », explique l’ingénieure. En effet, les animaux sont nourris avec un aliment complet fourni par la coopérative. Ils passent huit mois chez l’engraisseur, dont deux mois de finition, et ingère deux tonnes d’aliment pendant cette période. Ils sortent entre dix et douze mois, pour un poids vif de 530 kg vif, 290 kgéc, et des rendements carcasses de 54 à 56 %.