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Les butyriques dans le lait : agir pour prévenir

Les fourrages les plus à risque sont les ensilages d’herbe (prairies permanentes, prairies temporaires, méteils…). Les périodes  de récoltes sur des temps plus humides en sont principalement  la cause. Photo : D.R
Les fourrages les plus à risque sont les ensilages d’herbe (prairies permanentes, prairies temporaires, méteils…). Les périodes de récoltes sur des temps plus humides en sont principalement la cause. Photo : D.R

Compte-tenu de l’année pluvieuse et des récoltes compliquées, le risque de voir des tanks contaminés en butyriques est accru. Avec des conséquences économiques non négligeables pour les éleveurs.

D'un point de vue économique, les spores butyriques, connus, entre autres, pour faire exploser les meules de fromages, représentent un véritable fléau pour les transformateurs. Les analyses, à hauteur de deux par mois, entrent dans le calcul du prix du lait, avec des pénalités pouvant être importantes et non négligeables dans une conjoncture laitière pas toujours évidente. Mais, des leviers peuvent être actionnés pour limiter l’impact financier des butyriques. *

À la source des butyriques

Le cycle des butyriques commence dans la terre. Les sols contiennent naturellement des bactéries (de type Clostridium) qui se retrouvent dans les fourrages en quantité variable. Contrairement à la plupart des agents pathogènes que l’on trouve dans le lait, elles sont incapables de se développer à l’air libre, dans l’eau ou dans le lait. En revanche, elles sont capables de se transformer en spores très résistantes pour se protéger des agressions extérieures. C’est cette forme qui peut survivre plusieurs années et résister aux traitements thermiques des laits.

Dès que les conditions du milieu redeviennent favorables (absence d’oxygène, chaleur, pH > 4,5), les butyriques redeviennent actifs et se multiplient. Les ensilages peuvent vite devenir un milieu favorable au développement des butyriques en cochant toutes les cases. Il est possible de produire du lait sans spores butyriques, mais cela nécessite une certaine rigueur à plusieurs niveaux de chaque exploitation. Certains aliments présentent plus de risque de contamination, notamment les fourrages avec fermentation.

Ensilage d’herbe et butyriques : une fatalité ?

Les fourrages les plus à risque, par les retours d’étude, sont les ensilages d’herbe (prairies permanentes, prairies temporaires, méteils…). Les périodes de récoltes, sur des temps plus humides, en sont principalement la cause. Les sols ne sont pas toujours ressuyés et la coupe est souvent plus proche de la terre. Le pourcentage de Ms idéal n’est pas toujours évident à obtenir. À titre d’anticipation, le hachage fin facilitera le tassage et donc la conservation des silos. Les chantiers d’ensilage sont de plus en plus importants en termes de surfaces ensilées par jour, avec un tassage qui n’est pas toujours évident.

L’ensilage d’herbe est un fourrage de base constituant parfois jusqu’au tiers de la ration, voire jusqu’à 100 % des fourrages ingérés. Impossible de remettre en cause la place et le besoin des ensilages d’herbe, méteils, mais le risque est d’autant plus important pour le développement des butyriques. Il faut absolument éviter le contact avec la terre. Cette année, les conditions ne l’ont pas permis, beaucoup d’ornières, le risque va être plus important. Mais, il était essentiel de faire et d’assurer son stock, avant de penser au risque butyrique. En prévention, il est nécessaire de fermer au moins trois semaines ses silos. Éviter par la suite de distribuer le haut du silo, ainsi que les côtés, aux vaches en lactation. Ils sont souvent plus concentrés en butyriques.

Le haut du silo et les côtés sont souvent plus concentrés en butyriques. Photo : H.Flamant.

Il est recommandé de pratiquer des analyses de ses silos pour estimer le risque de contamination et s’adapter. Se rapprocher de sa laiterie qui pourra accompagner l’éleveur pour cette démarche. La stabilité évoluant toute l’année, il sera peut-être nécessaire de faire plusieurs analyses en cas de présence de butyriques et à différents niveaux  ; dont l’analyse de la ration à l’auge à différents moments de la journée… Silos contaminés… les bouses le seront… Il faudra veiller à revoir les pratiques pour les récoltes futures et trouver les leviers.

L’objectif va être de maîtriser la multiplication, afin de limiter la pénalité financière. L’auge est un point essentiel : retirer les refus, nettoyer régulièrement. Il faut éviter l’échauffement de la ration ; si nécessaire, préparer et distribuer en deux fois, ça facilitera également l’ingestion. La contamination du lait se fera par les bouses… Les bouses dans un troupeau bovin… il y en a partout et même là ou ne l’imagine pas. Des compactes, des liquides, avec ou sans morceaux, la bousologie n’a plus de secrets et des bouses liquides, qui éclaboussent, doivent alerter : risques butyriques certes mais c’est aussi et surtout un signe d’un dérèglement du troupeau.

Des butyriques malgré un silo sain

Au risque d’enfoncer des portes ouvertes, il est évident qu’il est nécessaire de faire attention à l’hygiène de ses animaux  : logettes, abreuvoir, mamelle, et les éleveurs le font pour la plupart déjà correctement ! Mais, il faut penser aussi à une bonne ventilation, de la lumière. Il faudra veiller au petit coin dur à nettoyer, mais où les vaches aiment se coucher, se gratter… Les projections de bouses dans l’eau auront aussi un impact négatif sur l’abreuvement et en l’occurrence la production laitière ; en passant par des problèmes pathologiques, au-delà de l’aspect butyriques. C’est possible et l’endroit le plus risqué pour la contamination c’est la traite, toujours par les bouses !

La traite doit faire l'objet de toutes les attentions. Photo : H.Flamant.

Pour l’hygiène des trayons, il faut privilégier des lingettes individuelles, attention à vos gants qui peuvent être souillés également. Et surtout, bien sécher les trayons : l’humidité et l’écoulement des gouttes d’eau favoriseront le développement des bactéries, pensez cependant à les hydrater après la traite. En cas de bouses pendant la traite, privilégier le raclage vers le coté du quai. Un coup de jet d’eau est à proscrire devant le risque de propulsion. Une vache qui stresse pendant la traite (ou dans l’attente) aura tendance à évacuer par les bouses, celles-ci seront également plus liquides avec davantage de risques de propulsion et donc de contamination. Attention également lors des changements de trayeur, à la traite des primipares… Les robots peuvent également dans certains cas présenter des risques pour les butyriques, vérifier régulièrement l’état de vos animaux lors du branchement et maintenir une hygiène autour du robot et dans l’espace attente si les laitières sont bloquées.