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Gérer collectivement la besnoitiose

La dépilation et la sclérodermie font partie des symptômes visibles six semaines après le début de la maladie. Photo : Jean-Pierre Alzieu.
La dépilation et la sclérodermie font partie des symptômes visibles six semaines après le début de la maladie. Photo : Jean-Pierre Alzieu.

Le GDS de l’Ardèche a engagé, dès 2009, un plan d’éradication de la besnoitiose, maladie parasitaire incurable. Christian Boulon, directeur du GDS 07, a présenté les actions mises en place dans son département, à l’occasion de l’assemblée générale du GDS 54.

En Meurthe-et-Moselle, le premier cas a été détecté en 2017, « suite à l’achat d’un animal infecté dans un élevage des Vosges », précise Corinne Cierco, la directrice du GDS 54. Car la besnoitiose est l’archétype de la maladie qui s’achète. D’où l’importance, quelle que soit l’origine du bovin, de réclamer une analyse à l’introduction d’un nouvel animal. Pour comprendre la nécessite de lutter, il faut avoir conscience que la perte économique liée à la besnoitiose a été évaluée à 35 à 70 €/bovin/an, sans compter le temps passé à la surveillance du troupeau l’été.

En Ardèche, la maladie est présente depuis de nombreuses années. « En 2009, à la suite d’une vague de cas cliniques, nous avons été sollicités par les éleveurs et les vétérinaires. La situation était inconnue pour tout le monde, les éleveurs se posaient beaucoup de questions. Il y avait un vrai sentiment d’isolement de leur part », se remémore Christian Boulon. Le GDS 07 se renseigne, effectue un travail bibliographique, contacte d’autres GDS de France. « Comme aucun texte réglementaire n’existe, nous n'avons pu avancer que grâce à la bonne volonté et au dynamisme des éleveurs ».

Onze premiers éleveurs volontaires

Des moyens humains et financiers sont affectés à la lutte contre la besnoitiose dès 2010. Un groupe de travail est constitué avec onze éleveurs volontaires, accompagnés des Dr Jean-Pierre Alzieu et Philippe Jacquiet. Il sera suivi entre 2010 et 2016. En parallèle, le GDS sensibilise ses partenaires (conseil départemental, Chambre d’agriculture et autres départements de Rhône-Alpes).

La réflexion porte, dans un premier temps, sur les méthodes d’assainissement. « Le recours aux insecticides peut être une mesure complémentaire mais pas une méthode en tant que telle. Ça coute cher et ce n’est pas très à la mode. Et, par ailleurs, il n’existe pas de traitement efficace », indique Christian Boulon.

Autre possibilité : agir sur les sources de parasites, c’est-à-dire réformer les animaux (ceux ayant fait une phase clinique, ayant des kystes et les séropositifs), et contrôler les achats. Dès 2012, un « kit intro » est mis en place, pour l’ensemble des élevages. Il inclut le dépistage d’un certain nombre de maladies, dont la besnoitiose, pour tout animal entrant sur une exploitation. Le kit est devenu obligatoire en octobre 2020. Sur 2179 analyses réalisées entre le 1er octobre 2021 et le 30 septembre 2022, 36 animaux étaient positifs « ou douteux ».

Dépistage par zone en allaitant

L’ensemble des ateliers laitiers ont été dépistés, par analyse du lait de tank. En cas de bovin positif, une prise de sang est réalisée et un plan d’assainissement est mis en place.  Les élevages sont surveillés deux fois par an, en octobre et janvier.

Pour les ateliers allaitants, le département a été divisé en trois zones et le dépistage collectif est réalisé par zone. Pour les cheptels infectés, les animaux de plus de six mois sont dépistés systématiquement. Si la séroprévalence est faible (moins de 15%), les animaux sont rapidement réformés. Si la séroprévalence est forte, la conduite en lot est mise en œuvre avec assainissement progressif par élimination. Si la conduite en lots n’est pas possible, les individus supposés être les plus contaminants sont réformés prioritairement.

 « Actuellement 128 plans « besnoitiose » sont en cours, dont 25 ont encore des animaux positifs. Les élevages sortent du plan si la prophylaxie est négative pendant deux ans », résumé Christian Boulon. Désormais, l’action « besnoitiose » a été déployée sur l’ensemble de la région Auvergne-Rhône Alpes.