
L'année 2024, atypique, a été marquée par les excédents de pluviométrie. Si les bilans fourragers ont été équilibrés, la qualité n’était pas toujours au rendez-vous. S’est ajoutée la FCO, qui s’est rapidement propagée sur le territoire. Heureusement, le contexte économique (maintien ou augmentation des prix des bovins, baisse des intrants) a été favorable. Pour les cultures, l’année climatique a pénalisé les rendements, plus ou moins fortement. Les Réseaux d’Elevage proposent des repères économiques pour situer les résultats des exploitations.
Les démarches analytiques telles que les calculs de coûts de production, prix de revient, coûts alimentaires, marges brutes… permettent d’analyser finement chaque composante d’un atelier afin de les comparer à une référence ou à d’autres ateliers du même type pour en déduire les postes à améliorer.
Mais pour éviter toute erreur d’interprétation, il est indispensable au préalable de s’assurer de la cohérence entre les différents ateliers grâce à l’analyse globale, en déterminant l’efficacité de son exploitation.
Déterminez le système auquel vous appartenez…
A partir du suivi des fermes de références, les Réseaux d’élevage Bovins viande fournissent à l’ensemble des éleveurs allaitants des repères économiques en fonction de la typologie simplifiée suivante :
- Systèmes herbagers extensifs : exploitation spécialisée viande, de type naisseur ou naisseur engraisseur de bœufs, avec un chargement inférieur à 1,2 UGB/ha de surface fourragère (SFP)
- Système herbager intensif : exploitation spécialisée viande, de type naisseur ou naisseur engraisseur de jeunes bovins, avec un chargement supérieur à 1,4 UGB/ha SFP.
- Système de polyculture-élevage viande : exploitation combinant deux ateliers ayant relativement le même poids : un atelier viande de type naisseur ou naisseur engraisseur et un atelier de cultures de vente.
- Système céréalier avec atelier viande complémentaire : exploitation avec un atelier de cultures de vente dominant et un atelier viande de type naisseur ou naisseur engraisseur. Présence de cultures de type betteraves, maïs grain, luzerne pour la déshydratation.
… et situer vos résultats économiques 2024 sur les repères
Le schéma suivant présente des repères économiques pour les trois principaux ratios à analyser dans le fonctionnement global d’une exploitation.
Le produit brut par ha de SAU dépend du niveau d’intensification global de l’exploitation et de la part des cultures de vente.
Les cours des bovins viande finis et surtout ceux des broutards qui ont fortement progressé en 2024, ont été favorables. Mais les croissances au pâturage ont été pénalisées et la qualité de l’herbe récoltée a nécessité de complémenter plus fortement les animaux cet hiver. Ces moindres performances cumulées avec les premiers impacts de la FCO sur les troupeaux, ont plus ou moins fortement rogné le produit des ateliers bovins viande. Le produit de l’atelier cultures a été pénalisé par de mauvais rendements et soumis à beaucoup de variabilité selon les types de cultures présentes et les types de sols. Il est globalement orienté à la baisse.
Finalement, les repères de produit brut/ha des exploitations proposés sont en léger retrait par rapport à 2023 pour les systèmes spécialisés. Le retrait est plus marqué (200€/ha) pour les systèmes avec un part de culture importante.
Le positionnement des résultats d’un élevage doit prendre en compte les périodes de vente et d’exercice comptable. En cas de produit insuffisant dans votre exploitation par rapport aux repères proposés, les raisons sont à rechercher parmi les points suivants : système non optimisé (niveau d’intensification, cohérence du système fourrager…), mauvaises performances techniques du troupeau (reproduction, mortalité, croissances, poids de vente), rendements des cultures inférieurs aux moyennes de l’année (hétérogénéité des rendements selon les zones). Le produit peut aussi être influencé par l’accès à certaines aides : éco régime de niveau 2, ICHN, contractualisation ou pas de MAE système...
Au niveau des charges opérationnelles 2024 :
Après deux années marquées par un contexte inflationniste exceptionnel, certains postes de charges ont fortement diminué bien que restant élevés. Les prix des engrais utilisés pour la campagne 2024 ont considérablement baissé ; de -27% pour la potasse à -45% pour l’azote (toutes formes). Les aliments ont aussi profité d’une baisse d’environ 10 % par rapport à la forte inflation de 2023. Les frais d’élevage, pénalisés par le contexte sanitaire impliquant des frais vétérinaires plus élevés, et les prestations de services agricoles restent sur une tendance haussière.
En conséquence, et malgré la baisse de produit, le ratio charges opérationnelles sur produit brut à respecter est abaissé de 4 à 6 points par rapport à 2023. Lorsque les charges opérationnelles sont trop élevées, il faut rechercher les marges de progrès en priorité du côté de la conduite alimentaire des animaux, notamment en développant l’autonomie du système, mais aussi en optimisant les itinéraires techniques des cultures par rapport à des objectifs de rendement réalistes.
En parallèle, malgré la baisse du carburant, les charges de structure, qui intègrent aussi les charges sociales sur le résultat des trois années précédentes, sont en légère augmentation (inflation des postes entretien-réparation, travaux par tiers, assurances, fermage…).
Les objectifs de ratios d’EBE/Produit brut à atteindre pour la campagne 2024 sont légèrement relevés par rapport à 2023 : 35% d’EBE/Produit brut pour les systèmes « herbagers », 30% pour les polyculteurs éleveurs et 22% pour les systèmes les plus céréaliers.
Un EBE faible peut être la conséquence d’une productivité insuffisante ou d’un excès de charges opérationnelles, mais aussi provenir d’un excès de charges de structure, le principal poste à surveiller étant la mécanisation. Les dépenses de structure dépendent de plusieurs facteurs liés aux activités de l’exploitation, mais aussi des choix stratégiques des chefs d’exploitation (recours aux travaux par tiers, politique de renouvellement du matériel...). Certains leviers sont actionnables pour optimiser au mieux ces dépenses (mutualisation du matériel, dimensionnement des moyens de production…).
Les repères proposés permettent de positionner vos résultats même s’ils intègrent difficilement l’hétérogénéité des situations en élevage (impacts FCO plus ou moins marqués) comme en cultures (importance des baisses de rendement). En élevage la date de clôture de l’exercice comptable impacte aussi significativement les résultats car les prix de vente des bovins étaient en forte dynamique haussière, et ont donc favorisé les résultats des clôtures de printemps par rapport à ceux des clôtures en année civile.
Dans ces périodes de fortes incertitudes où de nombreux outils analytiques sont disponibles pour vous aider à gérer vos ateliers, il ne faut pas oublier les fondamentaux : l’analyse globale de votre exploitation en fait évidemment partie et votre conseiller chambre d’agriculture peut vous accompagner dans cette démarche.