Alors que sa troupe ovine est victime d'un problème sanitaire, David Moutaux, éleveur à Montiers-sur-Saulx (55), doit abattre l’ensemble des animaux. Il repart de zéro, grâce à l'achat de brebis Est à Laine Mérinos issues de la sélection.
Céréales - lait - viande - ovins : le Gaec du Fourneau est ce qu’on appelle une exploitation de polyculture-élevage. Les quatre associés - David, Jean-Marc, Grégoire Moutaux et Christophe Peureux-, aidés d’un salarié, gèrent 500 ha, un troupeau de 170 vaches laitières à la traite, 40 vaches allaitantes et 250 brebis.
Des ovins, il y en a toujours eu au Gaec du Fourneau, mais le cheptel a varié au cours des décennies. «Mon père avait 650 brebis quand je me suis installé, à son départ en retraite, en 2001. Je suis monté jusqu’à 800 puis je suis redescendu à 600 brebis. J’ai aussi changé de race, je suis passé de l’Île de France à l’Est à Laine Mérinos, la race est plus maternelle et moins peureuse», explique David Moutaux, qui a en charge l’atelier ovin, ainsi que l’entretien du matériel de l’exploitation, fort de ses quinze années d’expérience comme mécanicien agricole avant son installation. Aujourd’hui, le troupeau est composé à 50 % d’Est à Laine Mérinos pures et 50 % de croisées Suffolk. «Il y a de la demande pour les croisées, notamment par les éleveurs qui débutent dans la conduite des ovins. Les croisées se désaisonnent bien et sont faciles à conduire».
Pas plus de 250 brebis
En 2017, la troupe ovine est victime du visna-maëdi, une maladie virale qui touche les ovins de plus de deux ans et se traduit par une pneumonie chronique. «Nous avons fait des prises de sang sur 57 lots de brebis : 55 sont revenus positifs. Nous avons été obligés d’abattre tout le troupeau. Je venais d’acheter 60 agnelles ; heureusement, j’ai pu les valoriser en boucherie».
Il repart de zéro grâce à l’achat d’agnelles auprès d’un sélectionneur de la race Est à Laine Mérinos qui stoppait son activité. «On me demande parfois pourquoi j’ai redémarré la production ovine. Le Gaec a toujours eu plusieurs ateliers et je pense que c’est grâce à cette diversification que l’exploitation a perduré. Et puis les moutons permettent de valoriser des parcs en coteaux où il n’y a pas d’eau. Une citerne de 3.000 litres tient pour la semaine», explique David Moutaux, qui est aussi président de la section ovine d’Emc2.
Désormais, David Moutaux limite le cheptel à 250 brebis. «Il y a beaucoup moins de pression sanitaire que quand nous avions 800 brebis». La troupe est conduite en système agneaux de bergerie.
Vente aux enchères des béliers
Il y a quatre ans, Laurent Keller, conseiller ovin à la Cda 54 et animateur des éleveurs d’Est à Laine Mérinos, le contacte pour juger le concours ovin à Stan Élevage. Il apprécie les échanges avec les éleveurs de la race et décide de s’impliquer dans la sélection de l’Est à Laine Mérinos. «Faire de la sélection était d’autant plus intéressant pour moi que je repartais de zéro». Et surtout, pour lui qui est dans une zone où il y a peu d’éleveurs ovins et encore moins de sélectionneurs, intégrer le groupe lui permet d’échanger régulièrement avec des confrères. «Le groupe s’est considérablement rajeuni ces dernières années. Les éleveurs “historiques” avaient peur que le groupe périclite mais les jeunes sont motivés», assure l’éleveur.
Chaque année, trente-cinq béliers «prometteurs», issus des élevages adhérents, sont regroupés au centre d’élevage début mai pour être évalués. Habituellement, les sélectionneurs gardent la primeur de choisir un animal par éleveur en sortie de centre et vendent les béliers restants à Agrimax. Cette année, l’Est à laine Mérinos étant mise à l’honneur lors du salon messin, les éleveurs ont décidé de jouer le jeu et y emmènent l’ensemble des béliers à la vente aux enchères.