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Bâtiments d’élevage, et la lumière naturelle fut 

« Le rayonnement du soleil est intéressant l’hiver, mais il faut être très prudent l’été. Le rayonnement engendre de l’inconfort pour les vaches », met en garde Bertrand Fagoo, de l’Institut de l’Elevage. Photo : L.Page/Cniel
« Le rayonnement du soleil est intéressant l’hiver, mais il faut être très prudent l’été. Le rayonnement engendre de l’inconfort pour les vaches », met en garde Bertrand Fagoo, de l’Institut de l’Elevage. Photo : L.Page/Cniel

En élevage, la gestion de la lumière naturelle est fonction de la production. Tous les animaux n’ont pas les mêmes besoins. La gestion de la lumière et du rayonnement était le thème du webinaire organisé par le RMT Batice, le 31 mars.

Le RMT Batice est un réseau d’échanges inter-filières et multi-acteurs sur le thème du bâtiment d’élevage. Il vise à être le laboratoire d’idées des réflexions autour des bâtiments en se projetant à l’horizon 2040. Les partenaires du réseau s’intéressent notamment à la problématique du rayonnement et son impact sur les élevages. Ils ont partagé leurs observations et réflexions, à l’occasion d’un webinaire, le 31 mars. Les contraintes et besoins ne sont pas les mêmes selon le type d’élevage mais, dans tous les cas, la luminosité a un impact sur la production.

En élevage laitier notamment : l’exposition au soleil entraîne la baisse de la mélatonine et l’augmentation de la protéine régulant la production de lait.  Pour optimiser la production laitière, il est recommandé d’exposer les animaux à une intensité de 150 à 200 lux pendant 16 heures. En élevage bovin, l’objectif est de favoriser un éclairage maximal en hiver et de gérer le rayonnement en période chaude.

En période de forte chaleur, la recherche de zones d’ombre non rayonnantes est, en effet, une priorité pour les vaches. Elles n’apprécient guère les zones de trop fort contrastes lumineux et fuient les zones avec du rayonnement direct. « Historiquement les bâtiments laitiers étaient plus fermés, la lumière naturelle était ramenée via la toiture. Les préconisations anciennes (10 à 15 % de tôles éclairantes sur l’ensemble de la toiture) ne sont plus adaptées, compte tenu de l’impact du réchauffement climatique. Les translucides ont deux principaux inconvénients :  ils favorisent les contrastes lumineux et ils augmentent les amplitudes thermiques », indique Bertrand Fagoo, de l’Institut de l’Élevage. Pour ne pas avoir à démonter des translucides, certains éleveurs choisissent d’appliquer une peinture blanche comme celle utilisée par les serristes.

Débord de toiture

A défaut d’éclairage naturel via la toiture, les ouvertures et bardages sur les façades doivent permettre l’apport de lumière latérale tout en évitant le rayonnement. Parmi les préconisations évoquées : l’aménagement d’avancées de toit. Un débord de toiture sur les façades orientées sud-est, sud et sud-ouest contribuera à créer de l’ombre sans gêner l’ensoleillement l’hiver, quand le soleil est plus bas. Pour éviter le rayonnement solaire direct en période de forte chaleur, et en l’absence d’avancée de toit, il est intéressant de pouvoir moduler les ouvertures selon le moment de la journée pour conserver l’ombre au sein du bâtiment tout en permettant une ventilation de la partie basse. 

Dans certaines conditions, il peut être intéressant d’isoler les toitures. Le gain espéré en isolant une toiture est de maximum 2°C. La décision d’isoler ou non doit prendre en compte différents facteurs : le surcoût, la hauteur du toit, le type d’animaux, l’exposition des rampants ; l’ouverture ou non du bâtiment et son degré d’exposition au vent.

Volailles et porcs, vers plus de lumière naturelle

En élevage porcin comme en élevage de volailles, les bâtiments sont plutôt fermés. « En élevage porcin, aucune réglementation n’impose le recours à la lumière naturelle, indique Frédéric Kergouley, ingénieur d’études à la Chambre d’agriculture de Bretagne. La seule réglementation existante impose l’exposition des porcs à 40 lux pendant 8h ». En élevage de volailles, il existe des repères à atteindre au démarrage, qui diffèrent selon les espèces : 30 à 50 lux pour les poulets, 60 à 100 lux pour les dindes, 15 à 40 lux pour les pintades ou, encore 15 à 50 lux pour les poules pondeuses. « Les volailles voient un spectre plus large que les humains. La lumière perçue ne sert pas qu’à former une image naturelle, elle régule aussi en partie leur métabolisme. En production de poulets, les normes ECC et BCC (normes européennes) exigent de la lumière naturelle, complétée si nécessaire pour atteindre au moins 50 lux d’intensité lumineuse », explique Wejdene Chetouane, d’ITAVI.

«Il faut également un éclairage adapté pour les travailleurs pour limiter les risques d’accident et les troubles musculosquelettiques », complète Frédéric Kergouley. En élevage porcin, les nouvelles constructions prennent de plus en plus la lumière naturelle. En élevage de volailles, la tendance est, pour les rénovations, à l’ajout de fenêtres. « Mais la gestion de la lumière naturelle est complexe », met en garde Wejdene Chetouane.