Le campus agricole et forestier de Mirecourt propose depuis 2016 un brevet professionnel agricole (BPA) travaux forestiers : travaux de sylviculture.
Si le métier de sylviculteur est d’actualité et le besoin d’entretien des espaces forestiers grandissant, le diplôme quant à lui ne sera bientôt plus proposé. Pourtant, en huit ans d’existence, la formation proposée par le CFPPA de Mirecourt a fait ses preuves avec presque 100% de réussite au diplôme.
Un métier d’actualité
«Le métier de sylviculteur consiste à cultiver la forêt » explique Christophe Thiery, formateur et responsable de la formation. «Il y a trois métiers bien distincts dans les travaux d’exploitation forestière. La période de nurserie et d’éducation de la forêt est propre aux sylviculteurs. Par exemple, une forêt de chênes atteint sa maturité autour de 45/50 ans. Le sylviculteur va s’occuper d’éduquer les peuplements pendant ces premières années pour récolter des produits de qualité plus tard» précise-t-il. Ce sont ensuite les bûcherons et les débardeurs qui se chargent de l’exploitation en coupant les arbres et en les sortant de la forêt.
Le BPA travaux de sylviculture est un diplôme de niveau 3 qui permet de devenir ouvrier sylviculteur ou salarié en travaux sylvicoles. C’est le projet de Jonathan Vanoverberghe, 40 ans, ancien chauffeur poids lourd en reconversion. «Je suis passionné de forêt et j’avais envie de faire un métier utile. C’est important de planter des arbres mais surtout de les suivre dans le temps».
Le campus organise deux promotions par an (une rentrée a lieu fin août, l’autre fin décembre) ; chacune d’entre elle compte entre 6 et 8 apprenants. Tom François, 21 ans, fait partie de la promotion d’août. «Travailler en extérieur, c’est ce que je trouve le plus intéressant. Je ferai ensuite un BTSA gestion forestière dans l’optique de devenir ouvrier sylvicole». S’il a choisi cette formation c’est pour «l’expérience de terrain. C’est un véritable atout par rapport à d’autres formations».
Des profils variés
Le BPA travaux de sylviculture permet aux apprenants d’exercer une fois leur diplôme en poche ou de poursuivre leur cursus. C’est le cas de Victor Abraham, 25 ans. Après une expérience dans le commerce, il a souhaité se reconvertir «j’aime la nature et j’avais la volonté de travailler en forêt. Avec le réchauffement climatique, il y a un vrai enjeu de travailler sur de nouvelles méthodes de gestion de la forêt ; c’est sujet intéressant et d’actualité». L’apprenant souhaite poursuivre avec un BTSA gestion forestière pour devenir garde forestier. Jean-Clément Beaucourt, 22 ans, est un ancien tatoueur, ce sont aussi les enjeux environnementaux qui l’ont conduit à choisir cette formation. «Je voulais un métier qui ait du sens. Par la suite, j’envisage de faire un BTS pour devenir technicien et continuer à faire du terrain».
Une théorie spécifique et surtout beaucoup de pratique
«La formation continue s’adresse à un public adulte. Cette formation dure 8 mois dont 2 mois de stage en entreprise» souligne le formateur. Côté théorie on retrouve notamment de la gestion durable, de la biologie forestière et une importante part de reconnaissance d’essences car le sylviculteur doit être en mesure de reconnaître entre 50 et 60 essences forestières. «Le reste de l’enseignement est technique, la formation se fait dans un cadre professionnel et non pas scolaire. Sur les 850h de formation presque 500 d’entre elles sont consacrées aux chantiers forestiers : dégagement, dépressage, plantation et entretien de plantation» qui sont les principales missions du sylviculteur. «Ils apprennent aussi l’entretien du matériel et ont une initiation au bûcheronnage pour pouvoir dégager les petits arbres qui peuvent gêner» complète Christophe Thiery.
Profession en danger
La formation sera supprimée en 2025. «Le BPA travaux de sylviculture et le BPA conduite de machines forestières sont passés en commission devant la DRAAF (direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt) et la DGER (direction générale de l'enseignement et de la recherche) qui ont décidé d’y mettre un terme» explique à regret le responsable de formation. «On sous-estime la technicité de ce métier. Si nous voulons planter des arbres et les entretenir, nous avons besoin de main d’œuvre qualifiée pour le faire» appuie-t-il.
Pour s’adapter à ce changement, le campus de Mirecourt proposera d’acquérir les connaissances en sylviculture sous la forme de blocs de compétences. «Nous travaillons sur un projet pour proposer des formations sur mesure» conclut Christophe Thiery.