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Réduction des phytos en Grand Est : signaux positifs, mais avenir à consolider

L’évolution nécessaire des pratiques phytosanitaires et des systèmes céréaliers n’est plus un sujet. Photo : JL.Masson
L’évolution nécessaire des pratiques phytosanitaires et des systèmes céréaliers n’est plus un sujet. Photo : JL.Masson

Sur la région, la vente des produits phytosanitaires a diminué de 13,1 % en quatre ans. La progression de l’agriculture biologique, mais surtout les changements de pratiques conventionnelles, expliquent l’évolution. Mais des interrogations pèsent sur l’avenir, notamment concernant la pérennité des outils d’accompagnement.

Lors de la récente session de la Chambre régionale d’agriculture, le 23 septembre, à Rozérieulles, Xavier Arnould, céréalier dans la Meuse et élu référent, a présenté l’état des lieux des utilisations de phytosanitaires sur le Grand Est, et des actions pour favoriser la réduction de leur usage. Une diminution de 13,1 % de la vente des phytos a été observée entre 2016 et 2020, sur la région. Des outils de soutien à l’investissement, type Pcae (plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles) ont accompagné cette évolution. L’analyse de la base nationale des ventes des distributeurs (Bnvd), appliquée au Grand Est, montre que tous les systèmes et territoires ont contribué à cette réduction.

L’avenir du BSV

Les résultats obtenus sur les exploitations suivies dans le cadre de dispositifs accompagnés financièrement, et dans la durée, sont significatifs. Dans les groupes DEPHY, représentant 243 systèmes, toutes filières, la baisse de l’indicateur de fréquence de traitement (IFT) s’élève à 38 %. Les expérimentations dans ces groupes permettent de produire des références, à la base de supports pédagogiques. Dans les groupes Ecophyto 30.000, concernant 155 fermes en cultures assolées, la diminution de l’IFT se situe à 22 %.

En termes de perspective, Xavier Arnould craint pour l’avenir du Bulletin de santé du végétal (BSV), dont les financements ne cessent de diminuer. Une somme de 319.710 € en 2023, soit une chute de 36 % par rapport à 2018. Avec des conséquences en cascades : des partenaires optimisent en réduisant le nombre de parcelles observées ; la priorisation applicable en 2023 « risque de voir disparaître des analyses de risques pour certaines cultures, voire filières ». Certaines instructions techniques sont de nature à faire perdre de la pertinence au BSV, et donc de son efficacité, en termes de réduction d’usage des phytos. Mais plus que tout, Xavier Arnould déplore « un manque de concertation avec la profession, dans la définition des pistes d’évolution ». La co-construction des programmes et des outils permettrait, selon lui, plus de pertinence et d’efficacité.

Le réseau DEPHY s’est amoindri

Autre sujet qui pose souci, le déploiement du conseil stratégique phytos (CSP) à calendrier contraint. « La date du 31 décembre 2023 est utopique », jauge l’élu référent. 600 CSP devraient être concrétisés avant la fin de l’année 2022, sur un potentiel de 19.000 à réaliser. Et en 2021,seules 4.600 exploitations (11 %) avaient été accompagnées dans le cadre de conseils phytos. Xavier Arnould appelle de ses voeux « une nécessaire montée en compétences des conseillers pour faire du CSP un vrai outil ».

En parallèle, le réseau DEPHY s’est amoindri, du fait du retrait de certaines coopératives d’Ecophyto, conséquence de la séparation vente-conseil. Les Chambres animent la moitié des groupes. Le dispositif 30.000 a perdu en attractivité. En 2023, le nombre de fermes engagées dans les collectifs Ecophyto devrait diminuer de moitié. Là aussi, l’Etat est sollicité pour un aménagement du calendrier d’obligation de détention du CSP. « Modifier la loi, afin de ne conserver que l’obligation de réalisation du CSP pour le renouvellement du Certiphyto, répond à cet objectif » argumente Xavier Arnould, avant de réclamer des communications ciblées en direction des agriculteurs.