Vous êtes ici

Plantes compagnes : les alliées du Colza

Association colza–lentille : une implantation simple, un impact limité sur le colza, et un vrai atout agronomique et logistique (crédit photo : Laurent JUNG)
Association colza–lentille : une implantation simple, un impact limité sur le colza, et un vrai atout agronomique et logistique (crédit photo : Laurent JUNG)

Dans les régions où les attaques d’altises d’hiver et de charançons du bourgeon terminal fragilisent les cultures de colza, une stratégie agronomique s’impose : renforcer la robustesse du colza dès l’automne. Pour cela, les plantes compagnes offrent des bénéfices prometteurs.

Le bénéfice majeur des plantes compagnes est de favoriser la croissance continue du colza pendant l’automne. Elles améliorent son enracinement, optimisent la valorisation des ressources disponibles et permettent de concentrer l’azote dans les feuilles, ce qui retarde le déclenchement de la faim d’azote.

Effet sur les maladies et adventices

Les plantes compagnes permettent de réduire le nombre de larves par plante. Bien que les mécanismes précis restent encore à élucider, les essais montrent une diminution significative de la pression larvaire dans les systèmes associés. La biomasse du couvert semble jouer un rôle essentiel, avec un minimum de 300 à 500 g/m² à l’entrée de l’hiver. Il s’agit toutefois d’un levier partiel : en cas de forte infestation, des interventions insecticides peuvent rester nécessaires.

En revanche, leur effet sur les adventices reste limité. Les légumineuses, majoritairement utilisées comme plantes compagnes, présentent une phase de croissance active décalée par rapport au colza — autour de 500 à 700 °C base 0 depuis la levée, contre 400 °C pour le colza. Ce décalage ne permet pas un effet suffisant d’extinction lumineuse ou de concurrence. Dans ce contexte, la moindre perturbation du sol, notamment en semis direct (à disque ou à dent), s’avère plus efficace pour limiter les levées d’adventices.

Tous les sols ne se valent pas

Dans les terres profondes ou riches en matière organique, le colza atteint souvent une biomasse suffisante à l’entrée de l’hiver (jusqu’à 1 500 g/m²), ce qui limite l’efficacité du couvert associé en raison de la concurrence. Néanmoins, les légumineuses peuvent apporter un bénéfice indirect en améliorant la fertilité du sol et la microbiologie présente.

À l’inverse, dans les sols superficiels, où il est plus difficile d’avoir de fortes biomasses à l’entrée de l’hiver, les associations apportent un complément de biomasse et renforcent l’installation de la culture.

Les gains de rendement observés varient de 0 à 6 quintaux par hectare selon les conditions annuelles et le contrôle du couvert associé en hiver. Des effets positifs sont également notés sur la culture suivante, et notamment les céréales, via une amélioration de la nutrition azotée.

Les associations à privilégier

Les légumineuses sont les candidates privilégiées pour accompagner le colza. Leur phase de croissance active débute plus tardivement que celle du colza, entre 500 et 700 °C (base 0) après la levée, contre environ 400 °C pour le colza. Ce décalage temporel permet au colza de bien s’implanter avant que la concurrence ne s’installe, un atout précieux, notamment en conditions de stress hydrique.

Parmi les espèces couramment utilisées, la féverole se distingue par sa capacité à produire de la biomasse et à structurer les sols, en particulier dans les contextes hydromorphes. Son poids de mille grains élevés exige toutefois une bonne humidité pour une levée homogène. La technique de semis doit également être adaptée : semis anticipé par rapport au colza ou utilisation d’un semoir équipé de plusieurs cuves.

À l’inverse, les espèces à petites graines comme la lentille, le fenugrec ou le trèfle d’Alexandrie offrent une grande simplicité d’implantation. Elles peuvent être mélangées directement à la semence de colza dans une seule cuve, évitant ainsi les passages supplémentaires de semoir ou d’outils qui risqueraient d’assécher le sol. C’est un atout logistique autant qu’agronomique.

Dans les parcelles où des cultures sensibles à l’aphanomyces sont prévues dans la rotation, il est conseillé de privilégier la féverole ou le fenugrec, moins problématiques à ce niveau.
L’objectif de biomasse en entrée d’hiver reste inchangé : 300 à 500 g/m². Pour l’atteindre, les associations de plusieurs espèces de couverts sont recommandées.

L’utilisation d’espèces non légumineuses (tournesol, niger, sarrasin, etc.) est également envisageable. Néanmoins, pour éviter une concurrence excessive avec le colza, leur densité doit être strictement limitée à 3 à 5 pieds/m².

Adapter l’itinéraire technique

Pour garantir le succès de l’association entre colza et plantes compagnes, il est essentiel d’adapter finement l’itinéraire technique.

L’anticipation du semis est un facteur clé. Avancer la date d’environ dix jours par rapport à un semis classique, en profitant des opportunités offertes par les épisodes de pluie, permet de tirer parti de la longueur des journées pour stimuler la croissance des deux espèces. Cela augmente aussi la probabilité de voir les plantes compagnes entrer en floraison avant l’hiver, les rendant plus sensibles au gel naturel.

Limiter les passages mécaniques est également crucial pour préserver l’humidité du sol, particulièrement en période de levée. Il convient par ailleurs de maintenir la densité de semis du colza à un maximum de 45 plantes par mètre carré, pour éviter toute surconcurrence.

Enfin, le programme de désherbage doit être ajusté. Il est recommandé de réduire les doses (à 50-80 % des doses homologuées) et de privilégier les interventions en post-levée, entre le stade cotylédons et 3 à 4 feuilles du colza. Cette approche limite les risques de phytotoxicité, notamment sur les espèces sensibles comme la lentille.

Les nouvelles solutions de post-levée (Mozzar, Belkar, FOX, Ielo/Biwix) permettent aujourd’hui d’assurer un désherbage efficace tout en respectant l’intégrité du couvert végétal. Selon les besoins, une destruction chimique des plantes compagnes peut être envisagée entre octobre et novembre.

Les associations à privilégier selon les critères souhaités
Les associations à privilégier selon les critères souhaités