« Année de foin, année de rien ». Le dicton populaire va-t-il se vérifier pour la campagne 2023 ? Les résultats de la récolte des orges d’hiver ne sont, en tout cas, pas à la hauteur des espérances sur le sud de la Meurthe-et-Moselle et les Vosges. Ambiance du début de moisson, avec la CAL.
Débutée au cours du dernier weekend de juin, la moisson des orges d’hiver et escourgeons s’est finalisée en un peu plus d’une semaine sur la campagne lorraine. Et le moins qu’on puisse dire est que les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes. « Nous avons souffert d’un manque d’eau en mai et juin sur le sud de la Meurthe-et-Moselle et les Vosges, déplore Pierre-Antoine Ferru, le directeur général de la Coopérative Agricole Lorraine (CAL). Nous sommes les deux seuls départements dans ce cas », observe encore, celui qui traverse régulièrement les étendues de cultures prometteuses de la Brie et de Champagne. Le sud lorrain apparaît « un cas isolé en France, alors que le potentiel était là ». Partout ailleurs, c’est meilleur. Le sud-ouest établit, par exemple, un record en orge.
« Au cœur de la pire zone »
Les résultats de cette récolte des cultures d’automne se révèlent extrêmement hétérogènes. « Un rendement qui oscille entre 35 qx et un petit 80 qx , relève Gilles Lassagne, directeur du pôle végétal de la CAL. Le calibrage ressort en moyenne à 60 et les poids spécifiques ne sont pas bons. Il va y avoir beaucoup de déclassement des variétés brassicoles en orge fourragère ». « Nous sommes situés au cœur de la pire zone, poursuit Pierre-Antoine Ferru, les secteurs du sud meusien, du nord de la Haute-Marne et du nord mosellan annoncent de biens meilleurs résultats ».
Le climat continental de la région, située en zone intermédiaire, semble subir grandement les effets du dérèglement climatique en cours. La variété brassicole Pixel, très implantée sur le secteur CAL, paraît avoir plus souffert de la sécheresse que sa concurrente Faro « qui sort du lot » analyse Gilles Lassagne. Le responsable du pôle végétal cherche les explications à la contreperformance dans trois directions : le désherbage confronté aux phénomènes de résistance, à la baisse du nombre de matières actives et au choix des dates d’application ; les impasses de fertilisation constatées, surtout sur l’engrais de fond, mais aussi sur le troisième apport d’azote, en situation de sécheresse ; enfin le facteur fongique qui n’a pas été traité partout avec la rigueur nécessaire. La coopérative va rapidement compiler toutes ces données.
La fin de semaine devrait permettre aux moissonneuses-batteuses d’entrer à plein dans les champs de blé. L’inquiétude est grande car d’innombrables « ronds blancs » sont apparus ces dernières semaines dans les parcelles. Le colza qui ne pressait pas en début de semaine, devrait suivre rapidement, compte tenu de la montée des températures annoncée.