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Orge brassicole, une filière d’excellence chahutée par le contexte géopolitique

200 acteurs de la filière orge brassicole se sont retrouvés à Nancy le 5 avril. Photo : A.Legendre
200 acteurs de la filière orge brassicole se sont retrouvés à Nancy le 5 avril. Photo : A.Legendre

Tous les maillons de la filière orge brassicole s’étaient donné rendez-vous à Nancy, le mardi 5 avril, pour un colloque organisé par Arvalis-Institut du Végétal, en partenariat avec Brasseurs de France, Malteurs de France, Intercéréales et l’AGPB. Le thème choisi était : « filière brassicole : entre excellence et vigilance ».

Les intervenants se sont donc félicités de l’excellence de la filière orge brassicole française, à tous les maillons de la chaine. « Il y a environ un million d’hectares d’orge en France. Et cette production est reconnue à l’international, pour sa régularité, sa productivité, sa qualité technologique », commente Baptiste Soenen, chef du service agronomie chez Arvalis, institut du végétal. Tout au long de la journée, les intervenants ont appuyé les efforts des obtenteurs et les progrès génétiques.

Tout comme la production d’orge, la malterie engage des efforts sur le plan environnemental : récupération de la chaleur des process pour le chauffage, méthanisation, champs solaire mais aussi baisse des consommations d’eau, élément nécessaire pour le process de germination notamment. Depuis les années 1970, les malteries ont réduit drastiquement leur consommation d’eau, « passant de plus de dix mètres cube par tonne de malt produite à une moyenne de 3,4 m3/t. La filière malterie ambitionne même d’atteindre 2 m3/t d’ici à 2030 », explique Marc Schmitt.

Une bière sur cinq dans le monde

Et si les malteries françaises profitent de la dynamique du marché de la bière en France, le nombre de brasserie est passé de 250 en 2006 à 2300 en 2022, c’est à l’export qu’est le principal débouché du malt français. Avec un fret basé sur le fluvial et le ferroviaire, 80 % de la production est exportée, et une bière sur cinq dans le monde est brassée à partir d’orge française. Toutefois, les intervenants craignent les répercussions de la guerre en Ukraine sur les marchés internationaux, dont on ignore pour l’instant l’ampleur. D’autant que l’incertitude sur l’orge ukrainienne intervient dans un contexte de marché déjà tendu en 2021, et « avec un stock faible de 21 millions de tonnes, soit 15 % de la demande mondiale », estime Julien Darley.

La géopolitique, plus que jamais essentielle

En effet, en 2021, la récolte canadienne a été impactée par une forte sécheresse. A cela s’est ajouté un différend diplomatique entre l’Australie et la Chine. L’Australie n’a pas pu exporter son orge vers la Chine, qui s’est tournée vers d’autres fournisseurs. L’Australie devrait conserver du stock de la récolte précédente mais, selon Julien Darley, ce stock n’est pas forcément disponible pour la plupart des pays importateurs car, « il faudrait que le prix paie la valeur FOB plus le fret, qui est très cher en Australie, car le pays est éloigné de nombreux bassins importateurs ». Ainsi, l’équilibre est fragile sur les marchés mondiaux, et la filière devrait encore rester dans l’inconnu pendant quelque temps.

Julien Darley, directeur général de Granit négoce, a dressé le bilan des échanges mondiaux en 2021. Photo : A.Legendre
Julien Darley, directeur général de Granit négoce, a dressé le bilan des échanges mondiaux en 2021. Photo : A.Legendre