Vous êtes ici

Meurthe-et-Moselle : Une sécheresse précoce et inédite

La Natagne à sec, à Ville-au-Val. Photo : Jean-Luc MASSON
La Natagne à sec, à Ville-au-Val. Photo : Jean-Luc MASSON

La Natagne est complètement à sec, comme près d’un tiers des cours d’eau du département. L’Office français de la biodiversité n’a jamais observé une sécheresse aussi précoce. La Meurthe-et- Moselle est en alerte et un appel à l’économie de la ressource en eau est lancé.

« Globalement, nous constatons un phénomène d’assèchement qui intervient avec six semaines d’avance, par rapport aux précédentes années à problème ». Le constat d’Eric Sabot, en bordure de la Natagne, à Ville-au-Val, ce lundi 25 juillet, est sans appel. Il y a tout juste un mois, la Natagne bénéficiait encore d’un écoulement, mais qui manifestait déjà des signes de faiblesse. Le chef de service départemental de l’Office français de biodiversité (OFB), sur la base des observations réalisées mensuellement sur 38 stations du réseau ONDE (Observatoire national des étiages), estime que 30 % des cours d’eau de Meurthe-et-Moselle se trouvent dans la même situation. « Seuls 10 % disposent encore d’un écoulement acceptable, le reste vivent des situations sévères à critiques ».

L’agriculture pénalisée

Le déficit de pluviométrie observé depuis août 2021 a conduit à cet état de fait. Seuls les mois de décembre et avril ont connu un petit écart de pluie (+ 10 %) par rapport aux moyennes (normes lissées depuis 30 ans), détaille Eric Sabot. Pour juillet, le déficit atteint 90 %, de l’ordre de 4 mm tombés, contre 60 mm habituellement. Tout le bassin Rhin-Meuse subit une situation de précocité. Les nappes se rechargent difficilement, les sols sont assoiffés, les sources fragilisées, la végétation en souffre. La pénurie d’eau s’installe, beaucoup de secteurs économiques s’en trouvent pénalisés, toutes les centrales hydrauliques sont, par exemple arrêtées. L’agriculture n’y fait pas exception. «En premier lieu l’alimentation et l’abreuvement du bétail, souligne Isabelle Loreaux, la DDT adjointe, les éleveurs vont devoir prélever prématurément dans leur stock de fourrage amassé au printemps ». La moisson 2022 a aussi été partiellement pénalisée par ce réchauffement.

Les conséquences sont également ravageuses pour la biodiversité. « Sur une partie du Pays-Haut, nous nous posons des questions sur l’éventualité de déplacement de population ». Eric Sabot a amené avec lui deux moules de rivières, issues de l’Orne qui irrigue le Jarnisy. Une seule est vivante, l’autre n’a pas résisté… Or cette espèce, très sensible à la pollution, joue un rôle énorme de filtration et d’épuration. Les écrevisses natives autochtones font, elles aussi, l'objet d'une surveillance intense.

Economiser la ressource

Julien Le Goff, le secrétaire général de la préfecture, avait donné rendez-vous à la presse, à proximité de ce ruisseau qui constitue un affluent de la Moselle « pour faire prendre conscience à nos concitoyens que la ressource en eau est rare et qu’elle doit être économisée ». La situation a conduit le préfet à placer les zones «Moselle amont et Meurthe» et «Moselle aval, Orne, Nied et Seille» du département en alerte renforcée sécheresse et la zone «Meuse aval et Chiers» en simple alerte, par un arrêté du 18 juillet.

Ce passage au niveau alerte renforcée accentue les limitations et interdictions en matière d’arrosage et d’irrigation : la période d’interdiction d’arrosage des pelouses, jardins, espaces verts publics et terrains de sport s’étend de 9h00 à 20h00 ; la période d’interdiction d’irrigation des cultures par aspersion s’étend de 8h00 à 21h00.

Présents sur place, Henri Poirson, vice-président de la communauté de communes du Bassin de Pont-à-Mousson et Jonathan Richier, délégué à l’environnement de la ville de Pont-à-Mousson, ont expliqué les efforts consentis par les collectivités pour économiser l’eau :  récupération des eaux pluviales, suppression des réseaux de voirie, modification des espèces de fleurs, paillage, bassin pour arroser a pelouse du stade…

« L’eau est un bien commun, reprend Julien Le Goff, notre responsabilité de ne pas la gaspiller est à la fois collective et individuelle ». Et de rappeler que le Français moyen consomme 150 litres par jour, avec seulement 5 à 7 % consacrés à l’alimentaire. Il y a mille et une façon d’économiser au robinet, sous la douche, au jardin, devant le lave-vaisselle ou le lave-linge, etc.