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Journée de l'innovation Arvalis, l'eau plus que jamais centrale

Pascaline Pierson (Arvalis), Philippe Goetgheber (AERM), Mathias Sexe (EMC2) et Séverine Piutti (Ensaia) ont échangé sur la problématique de la gestion de l'eau. Photo : A.Legendre
Pascaline Pierson (Arvalis), Philippe Goetgheber (AERM), Mathias Sexe (EMC2) et Séverine Piutti (Ensaia) ont échangé sur la problématique de la gestion de l'eau. Photo : A.Legendre

Arvalis organisait le 24 janvier une Journée de l’innovation, à Nancy. L’adaptation au changement climatique et aux aléas inhérents étaient au cœur du programme. Les projections annonçant plus de pluie en hiver, mais moins au printemps et en été, la question de la ressource en eau reste primordiale.

Après un été 2022 chaud et sec, place à une période hivernale toujours chaude, mais humide cette fois. « Nous avons regardé le couple température – précipitations entre le 1er octobre 2022 et le 20 janvier 2023, pour la station de Nancy-Essey-Tomblaine. Comparée aux mêmes périodes ces vingt dernières années, cette année est la plus chaude. Elle se classe également parmi les cinq années les plus humides », explique Luc Pelce, ingénieur régional en Bourgogne-Franche-Comté pour Arvalis, en introduction de la journée de l’innovation, organisée par l’institut, le 24 janvier à Nancy.

Excès d’eau en hiver, déficit hydrique en été

Ce constat est symptomatique du réchauffement climatique : sur une année, les cumuls de précipitations ne devraient pas connaître de grandes différences, mais la répartition sur l’année ne sera pas la même. Il devrait y avoir plus de pluie en hiver, moins au printemps et en été. « De plus, avec des températures plus élevées, l’évapotranspiration (ETP) sera plus importante, et les déficits hydriques pourront être plus prononcés », ajoute l’ingénieur.

Alors, faudra-t-il créer de nouveaux lacs et étangs pour stocker l’eau l’hiver ? « Nous n’excluons rien, mais il faut rester prudent », indique Philippe Goetgheber, chef du service espace naturel et agricole de l’Agence de l’eau Rhin-Meuse. Avant toute chose, l’agence de l’eau a entamé un état des lieux des ressources et des usages de l’eau dans la région. « L’idée n’est pas de développer des solutions toutes faites, mais de débattre collectivement et de définir une stratégie pour le partage de l’eau », ajoute Philippe Goetgheber.

Expérimenter grâce à des projets pilotes

En attendant, les ingénieurs d’Arvalis cherchent des solutions pour optimiser l’usage de l’eau, et notamment, pour augmenter le réservoir utilisable (RU). « Le RU est la quantité d’eau que le sol peut stocker et restituer au plantes, explique Florence Binet, ingénieure régionale Arvalis en Alsace. Le RU se décompose en deux parties : le réservoir facilement utilisable (RFU) et le réservoir de survie (RS). Le stress hydrique commence lorsque le RFU est épuisé ». Le RU dépend du sol, sa texture, sa structure, sa profondeur, et de la plante, son stade de développement, son aptitude à l’enracinement.

Eviter le tassement, pour augmenter le RU

Ainsi, plusieurs facteurs peuvent modifier ce réservoir, et la disponibilité de l’eau. Diversifier l’assolement peut être une piste. En effet, « toute introduction de prairie dans une rotation, même si elle n’est que de trois ans, va augmenter, à moyen terme, le réservoir utile », indique Florence Binet. Le tassement du sol n’est pas non plus à négliger, car les racines ont du mal à explorer les zones tassées sous les passages de roues, lorsque les semis ont été réalisés dans de mauvaises conditions par exemple. « Même sans prendre en compte l’effet frein à l’enracinement, le tassement peut faire perdre 12 mm de RU dans un sol de limon argileux profond et 9 mm en sol argilo-calcaire superficiel », précise Florence Binet.