Le mardi 10 mai, la Chambre d’agriculture de la Meuse organisait une journée technique sur le thème de la fertilité des sols à Euville, en présence d'une cinquantaine de participants.
« Nous vivons aujourd’hui un contexte très particulier, avec d’importantes fluctuation de prix, et notamment des hausses sans précédents au niveau des engrais azotés, a introduit Ludovic Rémy, conseiller en agriculture biologique et HVE pour la Chambre d’agriculture de la Meuse. Ainsi, il nous semblait intéressant de poser les questions suivantes : comment être plus autonome et résilient du point de vue de la fertilisation ? Comment augmenter l’auto-fertilité des sols ? C’est pour réfléchir à ces questions que nous avons organisé cette journée ». Et à en croire la salle comble, la thématique intéresse.
50 % d’espaces vides
« La base de la fertilité du sol c’est le soleil, expliquait Sébastien Roumegous, fondateur du groupe Biosphères en début de matinée. Ensuite, c’est la plante qui, via la photosynthèse, va transformer l’énergie vibratoire du soleil en une énergie chimique assimilable par le vivant : le carbone. C’est donc la plante qui crée le sol, pas le contraire ! Ainsi, si on augmente la couverture du sol par les plantes, en insérant des couverts végétaux par exemple, on peut alimenter plus de faune du sol, et créer un cercle vertueux qui améliore à la fois la fertilité mais aussi la structure du sol ».
En effet, la faune du sol, et notamment les lombrics, participe à améliorer la porosité des sols. Et, pour Sébastien Roumegous, « un sol qui fonctionne bien est un sol qui a 50 % d’espaces vides. Plus de porosité, cela signifie un meilleur contact eau -sol et donc un meilleur remplissage de la réserve utile ». L’ingénieur recherche d’ailleurs la porosité biologique plutôt que la porosité mécanique, créée par le travail du sol, car cette dernière est d’avantage sujette à la recompaction après des pluies. « Parfois, pour régler un problème, il vaut mieux ne rien faire », estime Sébastien Roumegous. On l’aura compris, le fondateur de Biosphères est un adepte de l’agriculture de conservation du sol. Travailler le sol le moins possible, et installer une couverture végétale le plus longtemps possible dans l’année, voire une couverture pérenne : « il faut que la vie du sol puisse s’alimenter tout au long de l’année », insiste-t-il.
Des évolutions plutôt que des révolutions
Pour autant, l’ingénieur reconnait l’enjeu premier de l’agriculture : produire une alimentation saine et en quantité suffisante. Ainsi, il en convient « il s’agit de rechercher le bon compromis entre fertilité du sol, praticité du travail, production et résultats économiques. Cela se construit pas à pas. D’ailleurs, pour ma part, je préfère les évolutions aux révolutions ».
Après une matinée en salle, les participants ont pu échanger, sur le terrain, devant un profil de sol.
Le sujet de la fertilité des sols est vaste, et il faudra plus d’une journée à chacun des participants pour définir quels leviers implémenter sur son exploitation. « C’était une première approche, explique Ludovic Rémy. Nous pourrons ensuite envisager de creuser ces questions dans des groupes de suivi pour ceux que cela intéresse ».