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Des nouvelles de l'observatoire national des sols

La deuxième campagne de prélèvement a débuté en 2016 et doit se poursuivre jusque 2027. Elle est centrée sur le carbone organique du sol. Photo : DR
La deuxième campagne de prélèvement a débuté en 2016 et doit se poursuivre jusque 2027. Elle est centrée sur le carbone organique du sol. Photo : DR

Si nous savons qu'une prairie ou une forêt stocke 80t de carbone organique par hectare dans les trente premiers centimètres de terre, et qu'une culture est plutôt autour de 50t, c'est grâce au Réseau de Mesure de la Qualité des Sols (RMQS). Ce programme, piloté par l’INRAE, a pour objectif de suivre l’évolution des sols sur 2240 sites en France.

Les 40.000 échantillons de la première campagne du RMQS, conservés au conservatoire des échantillons de sol de l'INRAE, ont déjà livré de précieuses informations. Le premier objectif de cette campagne était de déterminer le "fond géochimique" en éléments traces, pour pouvoir faire la part entre les teneurs naturelles et les pollutions liées aux apports de boues, de dépôts atmosphériques ou autre. Le bilan a, notamment, montré que 3% des sols sont fortement contaminés en HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques), et que 83% des sols, parmi les sites échantillonnés, ne sont pas contaminés. 

Les échantillons n'ont pas servi qu'à ces analyses. Un autre programme d'analyses pointues sur l'ADN microbien du sol a débouché sur "l'atlas français des bactéries du sol". Cette méthode permet de déterminer l'abondance des organismes bactériens et fongiques, mais aussi leur diversité, et donc les communautés, les réseaux... En liant ces résultats avec les caractéristiques physico-chimiques et agronomiques des sites, les scientifiques comprennent les conditions de présence et d’absence de ces communautés. La première campagne a aussi permis, grâce à la mesure simple du carbone organique, et celle moins simple des densités apparentes, de calculer les stocks de carbone organique des sols sur les trente premiers centimètres.

Deuxième campagne en cours

La deuxième campagne a débuté en 2016, avec une nouvelle stratégie d'échantillonnage. Au lieu de prélever tous les sites d'un département en une année et de valider quelques départements chaque année, des groupes de douze sites ont été constitués et un des sites de chaque groupe est prélevé chaque année. Cette stratégie permet de recueillir une information homogène chaque année tout en couvrant tout le territoire métropolitain. À mi-parcours, cette deuxième campagne a permis de constater que 9% des sols ont changé d'occupation (urbanisation, déboisement...) sur les 1.065 sites déjà prélevés. Parmi les sites qui ont évolué, 34% sont des retournements de prairie et 22% des conversions de culture à prairie.

Cette deuxième campagne, centrée sur le carbone organique des sols, exige que le sol soit prélevé jusqu'à 1 m de profondeur (contre 50 cm pour la première campagne). Les cartes d'évolution des stocks ne sont pas encore disponibles mais les analyses existantes ont déjà permis d'améliorer le modèle de simulation de l'évolution des stocks de carbone organique des sols, appelé "SIMEOS AMG" et développé par le centre de recherche AgroTransfert, en Picardie. Les résultats permettent notamment de répartir le carbone en une fraction stable (plus de 100 ans) et une fraction active (20-40 ans), ce qui améliore considérablement la qualité des simulations.