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Conduite de l'herbe : Les jours d’avance, un critère pertinent pour piloter le pâturage

Des outils simples permettent de calculer le nombre de jours d’avance.
Des outils simples permettent de calculer le nombre de jours d’avance.

Dans le contexte d’une gestion fine et efficiente des prairies, le recours au critère des jours d’avance s’impose comme un levier stratégique pour piloter le pâturage. Cet indicateur simple à calculer permet d’évaluer avec précision le nombre de jours pendant lesquels le stock d’herbe sur pied peut couvrir les besoins du troupeau. Il offre ainsi un outil d’aide à la décision pour ajuster la conduite du pâturage en temps réel.

Le principe repose sur une estimation du stock d’herbe exploitable par les animaux, rapporté à leur consommation  journalière. Tout commence par une évaluation précise de la surface pâturable réellement disponible pour l’alimentation des animaux. Une fois cette zone identifiée, il est essentiel de mesurer la hauteur d’herbe sur pied à l’aide d’un herbomètre, un outil indispensable pour obtenir une donnée fiable et objective.

Cette mesure permet ensuite d’estimer la densité de matière sèche par centimètre d’herbe et par hectare. Des références techniques existent pour adapter cette estimation en fonction du type de prairie et de son stade végétatif. Un autre paramètre crucial à prendre en compte est la hauteur de sortie, souvent fixée entre 4 et 5 centimètres, en dessous de laquelle le broutage devient néfaste pour la repousse de l’herbe.

En soustrayant cette hauteur de sortie à la hauteur totale mesurée, on obtient le stock d’herbe mobilisable, c’est-à-dire la quantité réellement disponible pour l’alimentation du troupeau. Ce stock doit ensuite être mis en relation avec les besoins journaliers des animaux, exprimés en kilogrammes de matière sèche. En divisant la quantité disponible par ces besoins, l’éleveur obtient une estimation du nombre de jours d’avance en pâturage, un indicateur clé pour ajuster les pratiques de gestion et assurer la durabilité de la ressource.

Anticiper les décisions

Les jours d’avance permettent d’organiser les interventions stratégiques, à savoir la mise à l’herbe, il faut prévoir quinze à vingt jours d’avance pour des allaitantes, et cinq à sept jours pour des laitières ; le débrayage de parcelles, à partir de quinze jours d’avance au printemps (vingt cinq jours en été pour les allaitantes), afin de récolter du fourrage ou d’anticiper un manque d’ingestion ; ainsi que la gestion du surpâturage ou de l’excès d’herbe.

Ces recommandations sont des moyennes  qui peuvent varier en fonction : des conditions climatiques (prévisions de croissance), du système fourrager (proportion d’herbe), du type et du niveau de production des animaux et de la nature des  prairies. L’actualisation régulière de cet indicateur (idéalement hebdomadaire) permet ainsi d’anticiper les décisions. L’adoption du critère des jours d’avance s’inscrit dans une logique de système herbager optimisé. Elle permet un pilotage fin de la pousse et de l’ingestion, une meilleure valorisation de l’herbe pâturée, première source de matière sèche économique, et une amélioration du bien-être animal, via un accès régulier à une herbe de qualité.

Ce repère technique, facile à intégrer au quotidien avec un peu d’observation et des outils simples (herbomètre, balance, carnet de pâturage), offre un réel gain en autonomie décisionnelle et économique.