Le rallye agroforesterie organisé sur l’ensemble du Grand Est par les Chambres d’agriculture a fait halte, mardi 17 septembre, chez Vincent Brocheray à Clayeures. Il est le premier agriculteur du département à avoir déposé un dossier dans le cadre du dispositif "Plantons des haies".
«L’agroforesterie ce n’est pas uniquement des linéaires d’arbres intraparcellaires. Dans notre secteur, l’agroforesterie ce sont principalement des haies, ainsi que quelques vergers de mirabelliers pâturés par des moutons», rappelait en introduction Julien Grand, conseiller à la Chambre d’agriculture de Meurthe-et-Moselle (Cda 54), en charge de l’accompagnement technique et administratif des dossiers d’agroforesterie sur le département. Il était accompagné de Quentin Damiani, conseiller forestier de la Cda 54, qui s’occupe du volet plantation et réception de travaux. Tous deux animaient la porte ouverte organisée chez Vincent Brocheray, à Clayeures, dans le cadre du rallye régional agroforesterie.
Vincent Brocheray a repris, en 2011, l’exploitation familiale en diversifiant sa structure. Il est aujourd’hui installé sur 70 ha dont 10 ha de vergers (mirabelles, quetsches, pommes, poires), 15 ha de céréales et le reste en herbe. Il élève 24 mères Charolaises en système naisseur ainsi que 30 chèvres laitières avec transformation du lait et vente directe.
Arbres de haut jet, arbustes et buissons
«Vincent a été le premier agriculteur à nous solliciter pour déposer un dossier dans le cadre du dispositif national "Plantons des haies"», indique Julien Grand. Au total, une soixantaine de dossiers ont été déposés sur le département, dont 24 accompagnés par la Cda 54. Chaque projet agroforestier s’adapte aux objectifs et aux productions de l’agriculteur, mais aussi au contexte pédoclimatique de la parcelle. Une règle commune : alterner arbres de haut jet, arbustes et buissons. Il est, par ailleurs, recommandé de mélanger les essences pour une meilleure résistance au risque climatique, aux maladies, mais aussi pour la diversité du paysage. Les étapes de préparation sont cruciales, elles conditionnent la réussite du projet.
Une première haie à vocation «élevage», située en limite de pâture a été implantée en janvier 2022. Vincent Brocheray recherchait un effet brise vent, mais aussi de l’ombrage pour les bovins à la pâture et une protection pour les veaux qui naissent au parc. L’éleveur, aidé par des membres de sa famille, a implanté une haie double rang de 300 m en forme de L avec une quinzaine d’essences : noyer, charme, orme, poirier sauvage, noisetier, aubépine, groseiller à maquereaux… «Les arbres sont implantés tous les 1,50 m, en quinconce», indique Julien Grand.
Première haie double rang plantée dans le cadre du dispoitif "Plantons des haies". Celle-ci a particulièrement bien poussé en deux ans et demi. Photo : H.Flamant
Vincent a déposé un deuxième dossier pour une haie monorang en limite de verger. Cette deuxième parcelle appartient en partie à Vincent et en partie à son père. Julien Grand met en garde : «dans 50 % des cas, les projets s’arrêtent car le propriétaire ne donne pas son accord pour la plantation».
Protection maximum
La plantation a été réalisée au début de l’année 2023. «Sur cette deuxième haie, les objectifs recherchés étaient l’effet brise-vent et l’accueil des auxiliaires des ravageurs des fruitiers», indique Julien Grand. Il se sont fait appuyer par le conseiller arboriculture de la Cda 54, Thierry Begel, pour le choix des essences. «Il existe un guide national "Auxil’haies" qui permet d’identifier les essences à implanter ou non en fonction de la production en place», détaille le conseiller. Sur ce cas particulier d’une haie en limite de verger, il leur a recommandé d’éviter des essences avec des baies qui auraient pu être relais des ravageurs. La haie de 156 arbres pour 155 m de long, soit un arbre tous les mètres, comprend du cornouiller, de l’érable champêtre, du charme, du noisetier sauvage, de l’orme champêtre, du groseiller sauvage…
La haie mono-rang est située en bordure de verger. Photo : H.Flamant.
Pour les deux plantations, Vincent a fait le choix d’une protection haut de gamme des plants, notamment face à la pression du grand gibier dans le secteur. Il a opté pour un double tuteur plus un filet de protection d’1,20 m. Deux ans et demi plus tard, la première haie s’est particulièrement bien développée. Le taux de reprise est estimé à 70 %. Sur la deuxième haie, le taux de reprise est estimé à plus de 95 %. À terme, Vincent a pour objectif de valoriser les branchages issus de l’entretien des haies sous forme de paillage.